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La Gazette Médicale du Centre est fondée le 31/10/1896, et prend le relais du précis et du recueil dans le sens qu’ils vont publier les comptes rendus de séance et les travaux des membres de la Société Médicale d’Indre-et-Loire (selon Moline). A priori, les fondateurs voulaient quand même faire du neuf !
Elle est fondée par Edmond Chaumier (« maladies des enfants »), avec Lapeyre (« Chirurgie, gynécologie opératoire » ; en 1912 Pr. de Pathologie externe), Boureau (Bactériologie, Urologie), G. Labit (maladies du nez, des oreilles et du larynx), et Triaire (accouchements, gynécologie). Le rédacteur en chef en était Louis LapeyreMenier, et non Meunier, fut aussi des fondateurs (voir à quelle date il intègre la Gazette). Plus tard, rejoignirent la Gazette, Louis Dubreuil-Chambardel, Gaston Bosc, Félix Cosse et Robert Roux-Delimal.
Dans le 1er éditorial de 1896, il est dit qu’elle entend couvrir 11 départements, l’Indre-et-Loire, l’Indre, le Loir-et-Cher, la Sarthe, le Loiret, le Maine-et-Loir, la Vienne, le Cher, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne et la Mayenne. Elle souhaite se mettre au niveau des journaux de Lyon, Montpellier, Bordeaux,… Elle se réclame de Bretonneau et entend assurer la décentralisation scientifique. Les travaux publiés devront être originaux (Moline II, p.405)
En 1897, la rédaction se félicite du succès rencontré en un an : « En créant, il y a si peu de temps encore un organe médical destiné à servir les intérêts de nos confrères de la région, nous ne nous faisions aucune illusion sur les difficultés de cette entreprise. Nous ne pouvions nous dissimuler, en effet, que la Presse spéciale parisienne – vulgarisée à un tel degré dans les départements, – était pour nous une concurrence redoutable. Aussi, avions-nous pensé que c’était à la seule condition de constituer un Recueil vraiment régional, s’efforçant d’emprunter aussi peu que possible à la Presse parisienne, que nous avions chance d’être favorablement accueilli par nos confrères. Notre modeste tentative de décentralisation scientifique réussit aujourd’hui au-delà de notre attente. L’accueil favorable partout prêté à notre tentative, les sympathies, si tôt rencontrées, nous décident à augmenter notre format et c’est un journal agrandi… presque doublé que nous offrons aujourd’hui à nos lecteurs… en adoptant une modification aussi considérable, nous avons mesuré les obligations qu’elle comporte. La plus importante – capitale à nos yeux – est le maintien du programme que nous inscrivions en tête de notre premier numéro et dont nous nous permettons de rappeler les principes : donner des travaux originaux et des revues pratiques, rédigées en vue des nécessités de la pratique courante ; ouvrir largement nos colonnes à tous ceux de nos confrères désireux de publier une étude que leur observation leur a suggérée ; prendre en main la défense des intérêts professionnels si souvent en cause à l’heure actuelle ; n’emprunter aux journaux étrangers que des extraits d’articles vraiment utiles à vulgariser par leur importance et leur nouveauté. »
Le cinquantenaire de la Gazette est fêté à Paris en 1943. Et il est bien écrit que la Gazette a été fondée par Edmond Chaumier, etc en 1893. Cette distorsion de date reste à élucider+++
Le n°9 (1er septembre 1910, tome 15) de la Gazette Médicale du Centre est un n°spécial consacré au VIème Congrès Préhistorique de France, qui s’est déroulé à Tours du 21 au 27 août 1910.
On ne connaît pas le statut juridique de la Gazette avant 1912. A cette date (12/6/12), qui fait suite en réalité à la mort de Triaire, il est formé une société commerciale en nom collectif formée par Edmond Chaumier, Louis Lapeyre, René Boureau, Robert Roux-Delimal, Louis Dubreuil-Chambardel et Jules Menier. Suite au décès de Jules Menier, sa part sociale a été cédée le 26/12/1919 à Gaston Bosc et à Francis Cosse. Le 8 novembre 1920, les statuts de la société sont modifiés. Elle se dote d’un conseil d’administration composé d’un président (honorifique), Edmond Chaumier, d’un rédacteur en chef, Louis Dubreuil-Chambardel et d’un administrateur, Robert Roux-Delimal qui a apparemment la main-mise sur la société.
En 1913, on note dans le « Comité de patronage » des noms connus : Reclus, Raphaël Blanchard, Albert Robin, G. Moussu, Marcel Labbé et Henri Labbé. Mais on note aussi des noms qui ne nous disent rien à ce jour : J. Renaut, prof. à Lyon, Thiroloix, prof. ag. à Paris, L. Léger, prof. à l’Univ. de Grenoble, L. Faure, prof. ag. à Paris, H. Beaunis, prof. à Nancy, Pitard, prof. à l’Ecole de Tours, Verneau, prof au museum. On trouve ensuite deux catégories de collaborateurs. La première, classique, par ville, donne pour Tours : André, Babeau, Belin, Bosc, Em. Boutineau, Druault, Faix, Hermary, Vialle, YsambertHoussayOrrillardDelaunay et Poix ; pour Orléans, BailletLericheJablonski, Buffet-Delmas, Le Blay ; pour Amboise, MahoudeauLemesle, MarnayDurandPaul-Manceau (théâtre) ; pour Chinon, MattraisCornet, Jacques Rougé (folklore) ; pour Saumur, Bontemps. La seconde catégorie correspond aux collaborateurs exerçant dans les stations hydrominérales, climatiques et balnéaires. On y trouve Bartoli à Châtel-Guyon et Maurice Binet à Saint-Honoré parmi les 24 médecins (et stations) cités. La Roche-Posay n’y figure pas. Est-ce que cette Gazette était particulièrement diffusée via ce canal ?
Apparemment, la publication est suspendue en 1914-18 et reprend en juillet 1919. Le tirage est porté à 6000 exemplaires mensuels. L’administration est assurée de Paris par Robert Roux-Delimal.
En 1927, s’opère la fusion avec les autres Gazettes, sous l’impulsion de Gaston Bosc, si l’on en croit le Dr. Mahoudeau, dans la nécrologie qu’il lui consacra. Entre mai et novembre 1927, la revue s’appelle « Les Gazettes médicales », revue mensuelle fondée par Boureau, Chaumier, Lapeyre, Menier, Triaire (pourquoi Labit n’y est plus ?), ce qui veut bien dire que c’est la Gazette Médicale du Centre qui a avalé toutes les autres, y compris celle de Paris qui était apparemment bien plus ancienne. La rédaction générale est assurée par Gaston Bosc, et l’administration générale par Robert Roux-Delimal. Elle associe la Gazette Médicale de Paris, la Gazette Médicale de Bretagne, ainsi que la Gazette Médicale du Centre et la Gazette Médicale de l’Ouest et du Sud-Ouest (ces deux Gazettes ayant apparemment déjà fusionné). Pour la Gazette Médicale de Paris, il est encore précisé qu’elle est dirigée par Marcel Labbé et Lardennois, assistés notamment de Robert Debré, Gougerot, Henri Labbé, Laignel-Lavastine, Prosper-Emile Weil, Mathieu-Pierre Weil, J.-Ch. Bloch, Henri Mondor, Robert Monod,… et que le secrétariat de rédaction est assuré par Jean-Louis Lapeyre (!) et Ch. Lestoquoy. Pour la Gazette Médicale du Centre et la Gazette Médicale de l’Ouest et du Sud-Ouest (fusionnées), il est précisé que le comité directeur est composé de Bosc, Edmond Chaumier, Dubreuil-Chambardel, Louis Lapeyre, Cosse et Roux-Delimal, ce qui montre bien que la Gazette Médicale de l’Ouest et du Sud-Ouest avait été totalement absorbée. La page de garde (Moline p.407) fait également état d’un comité de patronage de 63 noms en grande majorité des parisiens (dont Debré, Fiessinger, Gougerot, H. Labbé, M. Labbé, Laignel-Lavastine, Le Noir (Lenoir, ami de M. Labbé et L. Lapeyre ?), Henri Mondor, Robert Monod, Nobécourt, Roussy, Sabouraud, Prosper-Emile Weil et Mathieu-Pierre Weil). Parmi les quelques non parisiens, on trouve Delagenière, du Mans, Moussu, d’Alfort, Raynaud, d’Alger (lien avec le rapatrié d’Algérie arrivé à Tours ?), et aucun tourangeau. Suit une liste encore plus longue de collaborateurs, de Paris, des départements, et de l’étranger. Pour Paris, on remarque : Mme H. Labbé (alias Andrée Lapeyre !) et J.M. Rougé (il habitait Paris ??). Pour les départements (tous ne sont pas listés ici…), on note : pour l’Indre, Barbier, Bougarel, Cotillon, Gaujard, Périnet, Pimpaneau ; pour l’Indre-et-Loire, Faix, de Grailly, Guichemerre, Hue, Mahoudeau, Marnay, Mattrais, A. Mercier, Antoine VialleMarmasse, Pophillat, Simonin ; pour le Loir-et-Cher, Ansaloni, Croisier, Ferrand, Girardeau, Grandin, Le Franc, Marmasse, Meusnier, Penot, Vigneron ; en Loire-inférieure, on remarque notamment Aubineau (pratiquement de la même génération que Marcel Labbé et Louis Lapeyre, ayant fait ensemble leurs études à Nantes) ; pour le Maine-et-Loire, Barbary, Bigot, Brac, Caillard, Fruchaud, Garnier, Jourdin, Peignaux, Thuau, Zeriaud ; pour la Mayenne, Gruget et Gigon ; pour la Sarthe, Delaunay, Dieu, Feuteulais, Laburthe-Toira, Langevin, Mordret, Plaisant ; pour la Vienne, Barnsby, Bessonnet, Charianne, Chrétien, Ferru, Foucault, Orrillard, Pierre, Savin, Vincent. Pour l’étranger, on remarque notamment De Blasi à Rome…
Elle devient ensuite réellement « Gazette médicale de France, organe de décentralisation scientifique », jusqu’à la fin de 1931. Des suppléments littéraires, et des suppléments consacrés aux stations thermales sont publiés.Le n°18 du 15/9/1931 annonça la vente par adjudication de l’Institut Vaccinal du Dr. Edmond Chaumier.
Le 29 janvier 1930, la société est liquidée (elle s’appelle alors Gazette Médicale de France) et il est formé une Société en commandite par actions « Gazette Médicale de France » – Roux-Delimal et Cie, au capital de 400.000 francs. Les anciens propriétaires encore vivants (Louis Dubreuil-Chambardel est décédé), c’est-à-dire Edmond Chaumier, Louis Lapeyre, Robert Roux-Delimal, Francis Cosse et Gaston Bosc, reçoivent chacun 80 actions de 5 F. (soit la moitié du capital). Robert Roux-Delimal devient le seul gérant responsable et Gaston Bosc le rédacteur en chef général. Il faut remarquer l’absence de René Boureau dont Robert Roux-Delimal écrit en 1943 qu »il eut cependant peur des opérations de banque de la Gazette, au moment où nous décidâmes de sortir le Journal de son cadre provincial. Il donna sa démission du Conseil, sans tenir compte du précepte que « l’essentiel pour franchir un obstacle, c’est de vouloir sauter, sans souci de la chute ».
De janvier 1932 à avril 1940, elle devient la « Gazette médicale de France et des pays de langue française ». A sa mort fin 1932, Louis Lapeyre était président du Conseil de cette « Gazette Médicale de France et des pays de langue française ».
L’éloge sur Louis Lapeyre par son ami Marcel Labbé, publiée en 1933, apporte quelques informations sur la Gazette : « la Gazette Médicale du Centre se donnait pour but de perpétuer les idées si pleines de raison de Bretonneau et de Trousseau (pourquoi pas Velpeau ?), les deux grands cliniciens, et de faire prévaloir dans la médecine l’esprit tourangeau qui est le pur esprit français. Plus tard, avec Bosc, cet esprit si aiguisé, avec Roux-Delimal, l’administrateur parfait, la Gazette prit une place prééminente parmi les journaux médicaux de province. Elle réussit à tel point qu’elle s’étendit sur les autres provinces et qu’aujourd’hui elle a pénétré dans les pays de langue française, en Suisse, en Belgique, et jusque chez nos frères canadiens français. C’est bien à l’esprit d’entreprise et à la volonté agissante de Louis Lapeyre que l’on doit la magnifique progression des Gazettes Médicales. »
En pratique, en moins de deux ans, c’est trois piliers tourangeaux qui avaient disparu (Bosc et Edmond Chaumier en 1931, Lapeyre en 1932). Louis Dubreuil-Chambardel était mort en 1927, et Jean-Louis Lapeyre partait pour le Vénézuéla dès le début de l’année 1933… Il est peu probable que Félix Cosse à lui tout seul ait pu représenter l’esprit tourangeau qu’incarnait de toutes façons Roux-Delimal. La voie était donc libre pour lui, d’où le fait que Marie-Madeleine Lapeyre, épouse de Louis, disait qu’il s’était « emparé » de la Gazette.
En 1940, et jusqu’en 1955, elle redevient Gazette Médicale de France.
La Gazette Médicale de France décida de fêter son cinquantenaire en 1943 (annoncé dans le n°1 de 1944) : « Cinquante années consacrées à la décentralisation médicale. La première Gazette, née sur les bords de la Loire, a pris solidement racine dans la capitale et s’efforça toujours d’étendre ses rameaux sur les diverses régions de France. Elle n’a jamais oublié ses origines provinciale. Son directeur est tourangeau… » Drôle de décentralisation médicale…
De façon sous-jacente, un problème de date. Ce cinquantenaire suggère une fondation en 1893, ce qui est également évoiqué dans l’éloge de Louis Lapeyre par Guillaume-Louis en 1933, alors que Marcel Labbé et Robert Roux-Delimal, chacun de leur côté en 1933, parlent d’un lancement en 1896. Le premier numéro est également de 1896. Quelle stratégie y avait-il derrière le choix de fêter le cinquantenaire sous l’occupation ?
En 1956, elle devient Gazette médicale de France et Science médicale pratique jusque fin 1968, et reprendra le nom de Gazette Médicale de France en 1969, jusqu’en 1983, et enfin « Gazette médicale », jusqu’en 1997. Elle avait 101 ans, d’après notre décompte !…
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