Guillaume-Louis

 »’GUILLAUME-LOUIS (Sébastien) Paul »’ (Pr) (Pointe-à-Pitre 1878-1/7/1957), « Mulâtre », Chirurgien et Professeur d’Anatomie, Directeur de l’Ecole de Médecine de Tours (1928-1947, sauf sous Vichy), Président du Conseil Général qui est propriétaire du Grand-Pressigny (1948), Président de la Société des Amis du Musée. A propos de la création du musée du Grand-Pressigny, il rend hommage à l’action du Dr. Chaumier (1948).

Fils de Volny, commerçant, et de Marie Louise Anne Cunégonde Parfaite Agnès Scholastique. Etudes primaires et secondaires en Guadeloupe.

Nommé interne en 1902 en même temps que Gustave Roussy.
Elève de Ménard, Terrier, Lejars, Hartmann, Poirier, Cunéo et Guinard.

En juillet 1906 il est reçu docteur avec un thèse intitulée  » De la Cholédoctomie et recherches sur l’anatomie des voies biliares » qui obtient une médaille de bronze. Dédicaces : A mon exellent maître et président de thèse: monsieur le professeur POIRIER, membre de l’Académie de Médecine, chirurgien de l’hôpital Lariboisière, Officier de la Légion d’honneur […]. A mon très cher maître, le docteur CUNÉO, agrégé, chirurgien des hôpitaux […]. A mes maîtres dans l’internat des hôpitaux de Paris: 1902-1903. M. MÉNARD (hôpital maritime de Berck). 1903-1904. M. LEJARS (hôpital Tenon). 1904-1905. M. POIRIER (hôpital Lariboisière). M. CUNÉO. 1905-1906. M. GUINARD (hôpital St-Louis). M. BEURNIER. A mes autres maîtres dans les hôpitaux: M. le professeur TERRIER. MM. HARTMANN. DARIER. BARBIER. MERKLEN. CAUSSADE. SOULIGOUX. Louis FOURNIER. CHIFOLIAU.

Totalement étranger à l’Ecole d’anatomie de LeDouble, ses relations avec Louis Dubreuil-Chambardel ne devaient pas être excellentes (cf. ouvrage de Philippe Dubreuil-Chambardel). Ils n’en publièrent pas moins ensemble sur le cerveau d’Anatole France.

A l’invite de son ami le médecin Daniel Gaudeau, il s’installe à Tours le 15 septembre 1906, 11 place Emile Zola. Il se marie le 29 juillet 1907 avec Germaine Lainé. Son cabinet médical est transféré 5 ans plus tard au 15 place Emille Zola.

En 1908, il devient chirurgien-adjoint de l’hôpital général de Tours. En 1909, il entre à l’école de médecine de Tours comme professeur suppléant d’anatomie. En 1912, il est promu chirurgien en chef de Clocheville. ??  »Dans le registre des délibérations de Clocheville il est dit que c’est Tillaye qui doit remplacer Boureau au poste de chef. »

Très proche de Daniel Gaudeau, l’un était chirurgien-chef de l’hôpital (à partir de 1919), l’autre médecin-chef ; leurs familles se fréquentaient et ils allaient souvent à Cenon sur Vienne dans la propriété Gaudeau.

Les deux hommes fondèrent leur propre clinique, la Maison de la Santé Velpeau, située sur le coteau de la Loire à Saint-Symphorien, dans un grand parc et dirigée par les Soeurs de Saint-Martin-de-Bourgueil. Deux salles portent leur nom.

Michel Vernudachi se souvient bien de lui. C’était un chirurgien réputé (comme l’avait été Lapeyre) qui venait souvent à Loches. Il ne passait pas inaperçu car il avait deux grosses voitures américaines identiques, deux Graham, et tantôt c’était la noire, tantôt la marron.

Soldat de la classe 1898, il semble avoir été ‘oublié’ par le Service de santé, probablement lorsqu’il rejoint Paris. Lors de la mobilisation, il est affecté à l’hôpital militaire de Tours, il n’a alors aucun grade ce qui ne l’empêche pas d’opérer. Il est nommé médecin aide-major de 2ème classe le 20 octobre 1914 et le 16 mai 1915, il est désigné pour l’ambulance chirurgicale n°2 sous les ordres du médecin-général Rouvillois (qui présida plus tard l’Académie de Médecine). Le 20 octobre 1916 il est promu médecin aide-major de 1ère classe. Le 12 septembre 1918, il est nommé chef de groupe à l’ambulance chirurgicale n°2. Le 24 septembre il est affecté à l’ambulance 13/3 et le 22 février 1919 il est affecté à l’hôpital militaire de Tours. Il est nommé médecin major de 2ème classe le 25 mars 1919 et il est démobilisé le 8 août 1919. Il devient chirurgien consultant pour le Service de santé jusqu’au début de l’année 1920. Il est rayé des cadres le 27 avril 1928.

Le 16 septembre 1916, il est blessé au pied gauche par les éclats d’une bombe. Il est cité à l’ordre de la Direction des Étapes et des Services de la 10ème Armée : « A fait preuve des plus brillantes qualités professionnelles qui associées à une activité et à un dévouement inlassables lui ont permis de sauver de nombreux blessés. A accompli sa tache parfois écrasante avec une simplicité une endurance et une abnégation qui ont fait l’admiration de tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre. ». Il a été décoré de la Croix de Guerre et fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 28 décembre 1918. Il est ensuite promu Officier et Commandeur.

Suite à sa blessure, il aura une permission en Touraine, au cours de laquelle il rencontre Anatole France, à l’invitation de Courteline et de Lucien Guitry (mentionné dans son ouvrage de 1957). Il organisa alors une grande représentation en l’honneur des blessés des hôpitaux :

 » »Le Maître [Anatole France] m’interrogea sur le fonctionnement aux Armées du Service de Santé ; il me parla des attaques justifiées de Clémenceau qui dénonçait l’insuffisance des soins donnés aux blessés. L’équipe que je commandais était à l’Autochir n°2, formation dirigée par Rouvillois qui, depuis, a eu une brillante carrière et a présidé l’Académie de Médecine ».
« J’expliquai tout ce qu’on pouvait attendre de ces nouvelles formations et Anatole France rapporta à Clémenceau le mérite de ces réalisations.
« Il me souvient que je profitai de l’occasion pour organiser, sous la présidence du Maître, au Théâtre de Tours, une grande représentation en l’honneur des blessés des hôpitaux.
« Guitry [Lucien] et Courteline se chargèrent de tout mettre rapidement sur pied. Guitry jouait l’Ami Fritz, avec notre très chère Marie-Jeanne Courteline, et Courteline lui-même donna « La Peur des coups », avec Béatrix Dussane qui avec la meilleure grâce, avait bien voulu venir tout exprès de Paris.
« Cette représentation fut un triomphe ; le Théâtre était plein de blessés de tous ordres et les applaudissements crépitaient de haut en bas. Bruinen qui, alors, dirigeait le Théêtre, voulut bien mettre la salle deux ou trois fois à notre disposition. » »

Il fit part à l’Académie de Chirurgie, en de nombreuses publications, de ses études sur la nature des plaies du guerre, les plaies de l’abdomen, du thorax ou du genou. Ces expériences se basaient sur des centaines d’observations. Pour son dévouement, il fut décoré de la Croix de Guerre et de la Légion d’honneur. La paix revenue, il milita dans l’Association des « Poilus de Touraine » où il fut un président honoraire très populaire et généreux. (Aron, Emile, 1992, p.235)

En 1919, il devient chirurgien en chef de l’hôpital général de Tours, chargé de cours d’anatomie puis professeur titulaire d’anatomie en 1924. Il est nommé directeur de l’école de médecine de Tours le 1er octobre 1928, prenant la succession du docteur Thierry.

Lorsqu’il devient directeur de l’Ecole, on assiste à un véritable renouveaux de l’Ecole de médecine. Prestigieux administrateur, il fit installé une salle d’honneur, d’un bureau directorial et d’une bibliothèque. L’amphithéâtre des cours est reconstruit. On aménage des laboratoires de chimie, de bactériologie, de pharmacie, un droguier, etc. En 1930, il créa une chaire de Clinique Ophtalmologique pour son ami le Docteur Cosse et une chaire d’hygiène et d’hydrologie confiée à Octave Chavaillon (pharmacien-chef de l’hôpital, chargé du service des vénériens, Directeur des Services d’Hygiène de la Ville de Tours, inspecteur des Pharmacies). En 1933, Guillaume-Louis obtint la transformation de l’Ecole préparatoire en Ecole de plein exercice, ce qui permettait aux étudiants d’effectuer le cycle complet de l’enseignement médical et pharmaceutique. Néanmoins les examens finaux et la thèse se déroulaient toujours à Paris, car elle faisait partie des six écoles provinciales de son ressort.

C’est lui aussi qui fit venir de nombreux étudiants étrangers, la plupart juifs, dont sans doute Paul Célan. Bosc s’en offusque.

En 1939, Guillaume-Louis est élu conseiller général puis maire de Montbazon. En 1947, alors à la retraite, il est « porté à la présidence de l’Assemblée départementale » (du fait de ses origines antillaises, dans le contexte de la Libération ?). Par la suite, il devint vice-président du bureau des Présidents des Conseils Généraux de France.

Il était officier de l’Instruction Publique, du Mérite Touristique et Chevalier du Mérite Agricole (en plus de Commandeur de la Légion d’Honneur et Croix de Guerre 14-18).

Guillaume-Louis était-il réellement membre titulaire de l’Académie de Médecine, ou seulement membre correspondant, ou membre associé ? Voir éventuellement le rôle joué par son supérieur à l’Autochir n°2 (général Rouvilloi) qui fut ensuite président de l’Académie.

En septembre 1947 (en retraite), il accepte la présidence des Amis du Musée préhistorique du Grand-Pressigny. Pierre-Louis Fréon dit de lui dans sa nécrologie : « Son appui nous fut infiniment précieux ; est-il besoin de rappeler que nous lui devons les bienveillantes dispositions du Conseil Général d’Indre-et-Loire qui nous ont permis de trouver au château du Grand-Pressigny « un cadre digne de notre Musée » selon les propres termes qu’il employa lorsqu’il eu l’agréable mission de présenter aux lecteurs le premier bulletin de l’Association en 1951″. Cet avant-propos, dont les premières lignes figurent à la page Grand-Pressigny, font explicitement référence à Edmond Chaumier et montrent qu’ils se fréquentaient.

A-t-il un lien avec Armand Guillaume-Louis, né à Pointe-à-Pitre en 1873 et qui a aussi eu la Légion d’Honneur? Marc 10/4/08

Voir Malveau (Régine), Conseil général d’Indre-et-Loire. Répertoire numérique détaillé de la sous-série 177 J. Fonds du docteur Sébastien, Paul Guillaume-Louis (1902-1948), Tours, Archives départementales, 2009, 48 p. http://archives.cg37.fr/UploadFile/GED/SerieJ/1261035602.pdf

Son épouse fut vice présidente de l’Aide Sociale à l’Hôpital de Tours à partir de 1933. (AD 145J10)

Paul Guillaume-Louis s’est prêté à l’écriture d’un texte sur Anatole France, qu’il a fréquenté à Saint-Cyr, à la demande de l’illustrateur Ferdinand Dubreuil. Cet ouvrage est paru en 1957 et s’intitule « Anatole France, du Vieux Paris à la Béchellerie » (fonds Watier, D050L). Outre ce qu’il raconte sur l’épisode de 1916 (cf. supra), il parle des médecins d’Anatole-France, Gaudeau et Mignon, et de l’autopsie du cerveau, faite à la demande de la famille et des amis d’Anatole France, en présence des médecins traitants. Après la communication à l’Académie de médecine, il reçut des lettres de différents savants, dont Charles Richet :  » »Combien vos constatations sont utiles ; elles confirment ce que nous savions déjà, notamment par l’observation du cerveau de Gambetta. Mais elle démentent une fois de plus les anciennes erreurs qui faisaient du poids de l’encéphale une condition de l’intelligence. Nous en sommes revenus de cette hypothèse depuis qu’on a pu examiner avec attention l’encéphale d’un certain nombre d’hommes éminents. Or, si chez certains on a trouvé des poids supérieurs à la moyenne, qui est de 1.360 grammes (Cuvier avec 1.829 grammes : Lord Byron avec 1.807 grammes ; Schulbert avec 1.420 grammes), chez d’autres, au contraire, on a noté des poids nettement inférieurs à cette moyenne ». »

 »Sources »

Le buste qui lui avait été offert lorsqu’il a été nommé Commandeur de la Légion d’Honneur se trouve à la Faculté de Médecine. Selon Aron, ses collègues, ses confrères, ses élèves et ses amis s’unirent pour lui offrir le buste, oeuvre d’art due au sculpteur Bazin.

POYETON Jacques. Ancien médecin généraliste à La Riche (place Ste Anne), grand ami de Claude Belin, sa mère était cousine de l’épouse du Pr. Guillaume-Louis. Il fut poussé à faire médecine par le Pr. G-L et fut son externe. Il détient dans sa bibliothèque de très nombreux documents provenant de lui. 21 rue de Clocheville. 37000 Tours. Tel 02 47 64 39 50

Claude Gaudeau détient une énorme correspondance de Guillaume-Louis à Daniel Gaudeau.

Ouvrage de Jean Moline, tome I p179

Aron, Emile, « La médecine d’hier (1900-1914) » in  »La médecine en Touraine des origines à nos jours », chambray-lès-Tours, C.L.D., 1992, p.231

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