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L’institut vaccinal de Tours: le vaccin du Dr Chaumier

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Voir par ailleurs Société médicale d’Indre-et-Loire, comité de vaccine et dépôt de vaccin et Conservation du vaccin à l’état fluide et Vaccin animal de conserve en pulpe glycérinée et Conservation au froid et frigorifiques et Conservation du vaccin à l’état sec

 »Il existe en France des centres officiels de vaccination avec des instituts vaccinogènes. L’Académie de Médecine de Paris a pour ainsi dire le monopole et la haute direction de la vaccination. Certains centres vaccinogènes sont subventionnés tels que celui de Bordeaux, Saint-Etienne, Lille, Lyon, Marseille… D’autres instituts vaccinogènes sont indépendants, mais ont été chargés, après arrangements, des services municipaux et publics. C’est le cas de l’Institut vaccinal de la rue Ballu assurant les services de la ville de Paris, des hôpitaux, des écoles, des diverses administrations et de nombreuses communes suburbaines. L’institut de Montpellier est organisé de la même façon. Quant à l’institut de Tours, il est absolument privé et ne s’occupe que de la préparation du vaccin. »
Le service de la vaccination est organisé par arrêté préfectoral le 25 février 1905. Il place sous le contrôle du conseil départemental d’hygiène l’Institut vaccinal de Tours fondé et dirigé par le docteur Edmond Chaumier le 26 avril 1904.

Fondée par le Dr Edmond Chaumier, l’institut vaccinal de Tours a permis une production de masse du vaccin afin de généraliser la vaccination en vue de l’éradication de la variole et a permis un essor industriel économique. Via la création de cet institut, Edmond Chaumier avait pour but d’allier la quantité de vaccin produit à la qualité.

L’institut vaccinal de Tours comporte trois services :

-un premier service, au château du Plessis-lez-Tours, où a lieu la vaccination, la récolte du vaccin et des recherches expérimentales sur les animaux.

-un deuxième service à Tours (10 rue Léon-Boyer) servant de laboratoire et de dispensaire où sont admis les enfants de moins d’un an à seize ans.

-enfin, le troisième service, quant à lui, correspond au domicile même du Dr Chaumier et est donc situé à Tours au 15 boulevard Béranger. C’est ici où les tubes et les flacons contenant le vaccin sont expédiés et c’est ici aussi que les archives sont déposées.
La description de ces trois services et les différentes opérations qui y sont réalisées est relatée par le Dr Edmond Chaumier dans «  »L’institut vaccinal du Dr Edmond Chaumier » »

Les boîtes de pulpe, provenant du premier service et transmises au 2ème service, sont pesées puis on recouvre la pulpe de glycérine pure. Les boîtes sont ensuite refermées et mises dans la glacière pendant 36 ou 48h.

Afin de garantir au mieux la qualité de la récolte, un vétérinaire pratique donc l’autopsie de la génisse. Si le résultat est défavorable, la pulpe fournie est détruite. Sinon, elle subit les diverses opérations habituelles de nettoyage, broyage, tamisage et conservation (mise en tubes ou en flacons).

Le vaccin animal de conserve en pulpe glycérinée peut être préparé de différentes manières, additionné de quantités variables de glycérine. Chaque pays, ou même ville à l’intérieur d’un même pays à sa spécificité : la glycérine pouvant être aussi remplacée par de la vaseline ou la purification pouvant même être assurée par des vapeurs de chloroforme.

Mais, dans l’institut vaccinal de Tours, c’est le vaccin dit vaccin du Dr Chaumier qui est produit. Le vaccin du Dr Chaumier renferme donc une partie de pulpe pour trois parties de glycérine pure. Il n’y est jamais ajouté d’eau.

Dans la récolte obtenue, deux types de pulpes sont visibles :

-Une pulpe blanche normale, dite de 1ère récolte

-Une pulpe teintée de sang, dite de 2ème récolte

La pulpe dite de 1ère récolte est versée dans un cristallisoir puis, grâce à une pipette ou une pince, on enlève les poils, caillots ou croûtes pouvant persister malgré un lavage de la région vaccinée de la génisse lors de la récolte.
Pour un travail le plus stérile possible, des broyeurs métalliques sont stérilisés à l’eau bouillante puis on y verse la pulpe de 1ère récolte. La technique employée y est très précisément décrite dans l’ouvrage « L’institut vaccinal du Dr Chaumier » :
«  »La pulpe, additionnée graduellement de la quantité voulue de glycérine, est broyée à plusieurs reprises et reçue chaque fois dans un mortier de porcelaine stérilisé et couvert d’une lame de cristal percée au centre d’un orifice dans lequel s’engage l’extrémité inférieure du tube du broyeur. Finalement, elle est tamisée sur une toile métallique (stérilisée au four Pasteur) et reçue dans un mortier ou un cristallisoir. Cette opération longue et minutieuse une fois terminée, le vaccin obtenu est mis en tubes de verre de divers diamètres, en tubes d’étain ou en flacons de réserve. Les tubes de verre sont remplis à l’aide de la poire en caoutchouc, sont fermés au chalumeau, placés dans des boîtes métalliques fermées et déposés dans la glacière. Ces flacons sont destinés aux établissements vaccinogènes ». »

Le procédé est un peu différent pour la pulpe de 2ème récolte (pulpe teintée de sang). En effet, il faut tout d’abord la laver de façon répétée avec un grand volume d’eau chloroformée. Une fois le lavage effectué, la pulpe de 2ème récolte a alors le même aspect que la pulpe de 1ère récolte (elle possède une virulence semblable) et est donc ensuite soumise aux mêmes manipulations et est conservée de la manière semblable.

La pulpe vaccinale glycérinée nécessite une opération de broyage. Or, afin de garantir au mieux la pureté du vaccin, il faut avoir recours à des appareils spécifiques (broyeurs) et non plus au simple mortier jusqu’alors très usité. Divers broyeurs, dont celui du docteur Chalybäus, ont été créés. Belin, soucieux de la qualité du vaccin, perfectionne l’utilisation du broyeur Chalybäus. Afin de soustraire la pulpe vaccinale du contact des poussières de l’atmosphère, Belin dispose, à l’institut vaccinal de Tours, une vitrine autour de l’ensemble des broyeurs. Ceci lui paraissant insuffisant, il couvre alors de housses en toile (housses dont la description a été faite précédemment dans Vaccin animal de conserve en pulpe glycérinée) les appareils ce qui protège leur contenu.

Les procédés de mise en tube, quant à eux, sont divers.
L’une des extrémités du tube est mis dans la bouche et la pulpe est ainsi directement aspirée. Puis, l’interposition, entre la bouche et le tube, d’un second tube de verre contenant de l’ouate stérile constitue un progrès. Quand cela est possible, l’emplissage peut se faire à la cuillère. Mais, le plus souvent, comme au départ à l’institut vaccinal de Tours, c’est la poire en caoutchouc qui est utilisée. Cette poire a une extrémité ouverte dans laquelle se place le tube capillaire à remplir. Une modification est apportée à la poire en caoutchouc et consiste dans l’emploi d’une poire volumineuse aspirant dans un tube (abouché) de la pulpe vaccinale et refoulant celle-ci ensuite dans des tubes emplis ainsi un à un. Quand la dimension des tubes le permet, on peut aussi les remplir à l’aide d’entonnoirs distributeurs. Dans certains instituts vaccinaux, on utilise une seringue dans laquelle on introduit la pulpe. Puis, on la refoule dans les tubes.
A l’institut vaccinal de Vienne, le docteur Paul entube le vaccin grâce à de l’air comprimé. A l’institut de vaccine de l’Académie de Médecine, un tube en verre est relié à l’une de ses extrémités à une trompe à eau et il porte à l’autre bout un bouchon en caoutchouc perforé suivant son axe longitudinal. Les tubes capillaires peuvent alors être mis dans la partie libre du petit canal, résultant de cette perforation. Un orifice, assez petit pour être facilement bouché avec le doigt, est ménagé sur la partie latérale du tube. Une fois le tube capillaire en place, il est alors plongé dans le vaccin. L’air, aspiré par la trompe, passe par l’ouverture latérale, mais si celle-ci est bouchée avec le doigt, le vaccin est aspiré et monte dans le tube.

Or, toutes ces méthodes sont plus ou moins lentes et exigent un personnel qualifié, habitué. Beaucoup n’assure pas, non plus, une asepsie suffisante, si bien que la pulpe conservée et purifiée par la glycérine est de nouveau souillée lors de la mise en tube. A quoi bon alors avoir ajouté de la glycérine ?

Afin de garantir au mieux l’asepsie de la pulpe vaccinale et de remplir un grand nombre de tubes à la fois, Belin, à Tours, créa deux appareils nommés « emplisseurs ». Ces appareils permettent la mise en tube du vaccin ce qui évite alors d’avoir recours à la poire en caoutchouc mentionnée ci-dessus. Belin, médecin-vétérinaire et sous-directeur de l’institut vaccinal de Tours, les décrit dans son article «  »Deux appareils et un dispositif permettant d’assurer une asepsie rigoureuse dans le broyage et l’entubage de la pulpe vaccinale » » (revue internationale de la vaccine).
L’emplisseur s’inspire de celui servant à la confection des ampoules pour injection hypodermique. L’appareil pour la confection des ampoules se compose d’une cloche à vide recouvrant un cristallisoir, qui contient les ampoules fermées à un bout, et le liquide à introduire dans celle-ci. Or, pour être le plus aseptique possible et avoir du vaccin de meilleure qualité, Belin perfectionne ce système. En effet, la pulpe vaccinale, du fait de sa viscosité, retient l’air devant être aspiré par une trompe à eau. Ceci dissocie plus ou moins la masse vaccinale et les tubes renferment alors ultérieurement des bulles d’air. Afin d’éviter l’altération du vaccin, Belin ajoute à la cloche à vide une tubulure supérieure fermée servant d’axe de support du porte-tubes. Ceci permet donc d’assurer une certaine vitesse d’emplissage et de charger et sortir facilement les tubes. Il existe deux sortes de porte-tubes donc deux types d’emplisseurs :

-un modèle d’emplisseur avec un porte-tubes servant pour des quantités variables de tubes

-l’autre exige l’emploi d’une quantité fixe de tubes.

Pour une meilleure asepsie, il ne faut pas que la pulpe vaccinale soit présente dans l’appareil pendant le vide ce qui dégagerait des bulles d’air gênant l’emplissage.
Ainsi, Belin ajoute deux tubulures latérales à la cloche : l’une communique avec une trompe à eau, l’autre avec un vase renfermant du vaccin. L’ouverture des tubulures permet d’aspirer le vaccin aseptiquement, une fois le vide réalisé.

Mais comment utiliser l’emplisseur ?
Il faut, tout d’abord, boucher une des extrémités des tubes puis, ils sont réunis par paquet (en faisceaux cylindriques). Le tout est mis à l’autoclave. A la sortie de celui-ci, le porte-tubes est mis en haut de la cloche. Le vide est alors réalisé pendant 15 à 20 minutes. Quand la trompe à eau ne dégage plus que de rares bulles d’air, on ferme la trompe à vide. La tubulure, communiquant avec le vase qui contient le vaccin, est ensuite ouverte. La pulpe est aspirée et reçue dans le cristallisoir. Une fois que la quantité dans l’appareil est suffisante, on ferme le robinet et on abaisse les tubes de façon à ce qu’ils plongent dans le vaccin sur une longueur de 1cm environ. Puis, l’air pénètre aseptiquement par ouverture du robinet correspondant. L’air presse la surface libre de la pulpe et l’oblige ainsi à s’introduire dans les tubes. Puis, on soulève le porte-tubes et on retire les tubes que l’on scelle à la lampe.

Selon Belin, grâce à cet emplisseur, «  »l’asepsie de l’opération est aussi parfaite que possible, la pulpe ne se trouvant pas un seul instant en contact avec l’air extérieur » » (« Deux appareils et un dispositif permettant d’assurer une asepsie rigoureuse dans le broyage et l’entubage de la pulpe vaccinale » (revue internationale de la vaccine)).

Les « emplisseurs » allient la qualité à la quantité et permettent un gain de temps considérable ce qui augmente le rendement de production. En effet, 1500 tubes de vaccin peuvent être remplis à la fois alors que le remplissage se faisait tube par tube à la poire. L’emplisseur permet de remplir 5000 tubes à l’heure ! Il est également simple d’utilisation : «  »Nos employés qui se sont servis deux fois de cet emplisseur sous notre surveillance ont été capable ultérieurement d’en assurer un fonctionnement parfait » » (« Deux appareils et un dispositif permettant d’assurer une asepsie rigoureuse dans le broyage et l’entubage de la pulpe vaccinale » par Belin (revue internationale de la vaccine)). De plus, lors du vide, aucune surveillance n’est nécessaire ce qui permet au personnel de procéder à d’autres activités en même temps voire même de réduire l’effectif des employés. Les emplisseurs de Belin garantissent donc au mieux l’asepsie de l’emplissage et évite ainsi de souiller la pulpe vaccinale glycérinée par l’introduction de bactéries pathogènes de l’air. Ces appareils permettent aussi d’augmenter l’efficience et d’obtenir ainsi une production de masse plus rapide et à des coûts moins élevés pour faire face à d’éventuelles épidémies. Comme de nos jours, au XIXème siècle, il faut soigner plus, mieux mais à moindre coût.

Cependant, l’emplisseur de Belin, pour la préparation en grand à l’institut de Chaumier à Tours, semble trouver un «concurrent » dans l’emplisseur de Félix. En effet, Emile Félix , directeur technique de l’institut vaccinogène suisse de Lausanne, a muni l’institut de cet emplisseur et prétend pouvoir remplir 25000 tubes capillaires à l’heure. Dans son article « »Note sur le remplisseur « Félix » » » dans la revue internationale de la vaccine, il décrit avec précision son remplisseur. Cet appareil se compose d’une seringue en métal dont le réservoir cylindrique est d’une capacité de 60cm3. Le piston est, lui aussi, en métal. L’extrémité opposée à l’entrée du piston se finit par une canule coudée, mobile sur un porte-canule conique. Un robinet est fixé sur ce porte-canule et permet de contrôler le débit vaccinal. La canule coudée comporte un bouchon en caoutchouc perforé afin de recevoir les tubes de n’importe quel diamètre. Deux ressorts sont reliés au cadre-support et, par leur tension, ils agissent sur le piston. Une pince immobilise le cylindre sur le cadre-support.

Pour utiliser le « remplisseur Félix », il faut remplir le cylindre de la masse vaccinale à mettre en tubes et on introduit un tube dans le bouchon en caoutchouc de la canule. On ouvre ensuite le robinet et, instantanément par la simple pression des ressorts agissant sur le piston, le vaccin va dans le tube. Une fois le volume désiré dans le tube, on ferme alors le robinet…et on passe à un autre tube et ainsi de suite… Le « remplisseur Félix » est donc simple d’utilisation et ne nécessite pas du personnel qualifié. De plus, l’opérateur n’entrant en aucune façon en contact avec le liquide vaccinal, la contamination est réduite. Dans son article «  »Note sur le remplisseur « Félix » » », Emile Félix montre l’importance de son remplisseur : « Trente-quatre remplisseurs « Félix » sont actuellement employés dans 27 instituts vaccinogènes, et tous ces établissements s’accordent à affirmer l’utilité de cette modeste innovation. »

Les pulpes glycérinées, une fois mises en tube, sont donc conservées au froid afin, comme expliqué dans la partie précédente, de ne pas altérer la virulence du vaccin. Ces vaccins de conserve glycérinés et l’utilisation de frigorifiques permettent donc d’avoir une réserve pouvant être distribuée et accessible à tous moments et donc de faire face à une éventuelle épidémie.

L’institut vaccinal de Tours produit donc le vaccin du Dr Edmond Chaumier correspondant à de la pulpe glycérinée. Cependant, Chaumier emploie aussi un procédé de purification du vaccin par les vapeurs de chloroforme. Ce procédé, préconisé en Angleterre, est de même décrit dans «  »L’institut vaccinal du Dr Chaumier » » :
Ce procédé (…) «  »consiste à soumettre à l’action des vapeurs de chloroforme la pulpe préalablement lavée à l’eau bouillie, avant ou après le broyage. On fait barboter à l’aide de la soufflerie des chalumeaux ou d’un appareil approprié, les vapeurs de chloroforme, dans la pulpe ainsi préparée. Le vaccin obtenu par ce procédé est plus aseptisé et plus virulent ».»

Avant de délivrer ou d’expédier le vaccin aux vaccinateurs, il faut procéder au contrôle de sa virulence et de l’absence de bactéries pathogènes. Ce contrôle se fait donc à la fois de façon clinique, via l’évaluation de l’efficacité du vaccin chez l’enfant et aussi sur la génisse, mais aussi de façon bactériologique. De plus, la virulence pouvant s’atténuer dans un délai assez court, il faut parfois procéder à de nouveaux essais cliniques.
L’examen bactériologique est donc pratiqué dans le laboratoire du 2ème service de l’institut vaccinogène de Tours. Toutes les pulpes contenant du Streptococcus pyogenes ou du Bacterium coli commune sont obligatoirement rejetées.

Pour connaître les différents degrés de l’activité et donc de l’efficacité d’un vaccin, il faut le tester sur un organisme vivant. Le choix de l’animal a donné lieu à diverses discussions. Le lapin, ayant l’avantage du prix et une grande facilité d’entretien et de manipulation, a été recommandé dans certains instituts (Allemagne). Calmette et Guérin se servent du lapin comme réactif. Pour essayer l’activité du vaccin, ils rasent le dos de l’animal et badigeonne la partie rasée avec la pulpe à tester qui est diluée dans de l’eau distillée. Trois dilutions sont réalisées : une au 1/100ème, une autre au 1/500ème et enfin une au 1/1000ème. C’est au 5ème jour après l’ensemencement qu’il est possible de juger de la valeur de la lymphe vaccinale. Si le vaccin est de bonne qualité, l’éruption suite aux dilutions au 1/100ème et au 1/500ème est confluente. Des pustules isolées (3 à 4 par cm² de peau ensemencée) sont formées avec la dilution au 1/1000ème. Cependant, si la dilution ne provoque pas au moins une éruption de 3 à 4 pustules par cm², la qualité du vaccin est médiocre. Il est donc rejeté.
Différentes modifications ont été apportées à la méthode de Calmette et Guérin. Ainsi, Guérin réalise les dilutions de la pulpe vaccinale avec de la glycérine additionnée d’eau (66%). Le frottement du rasoir sur la peau de l’animal peut donner des irrégularités d’ensemencement. Afin de les corriger, Kelsch et Camus grattent la peau du lapin avec une pipette en verre dont l’extrémité est nettement sectionnée. Ceci produit une irritation régulière. A Tours, Marcel Belin modifie le procédé Calmette en inoculant un vaccin de virulence connue dans un des côtés du lapin. En effet, les lapins ne réagissent pas tous de la même façon : certains sont plus sensibles ou plus réfractaires que d’autres.

Pour d’autres, les inoculations dans les téguments du lapin donneraient des résultats moins nets que sur la génisse. C’est pour ces raisons que le service sanitaire des Pays-Bas, le laboratoire central du ministère de l’intérieur d’Italie ou encore l’institut vaccinogène de Berne emploient la génisse, considérée comme l’animal le plus réceptif à la vaccine puisqu’elle est utilisée pour la production du vaccin. La loi française prescrit aussi de réserver une place sur la peau des génisses vaccinifères pour le contrôle de l’activité des vaccins plus anciens. Une seule génisse peut servir à l’essai de plusieurs échantillons de vaccin. Pour écarter le doute que l’animal soit réfractaire au vaccin en cas de plusieurs résultats négatifs suite à l’inoculation de plusieurs échantillons, on inocule en même temps à la génisse un vaccin étalon d’une activité certaine. Les échantillons à tester et le vaccin étalon sont inoculés par incisions parallèles. Puis, on évalue l’efficacité du vaccin en fonction du type, de la quantité et du développement des pustules obtenues.

Mais, à l’institut vaccinal de Tours, le docteur Edmond Chaumier préconise l’emploi de l’enfant considéré comme « le meilleur de tous les réactifs ». Selon lui, « il importe de savoir si le vaccin est actif pour l’homme et non pas pour les animaux ». Plusieurs instituts vaccinogènes se servent de l’enfant, plus sensible que l’animal, afin de contrôler l’efficacité du vaccin, une fois sa pureté démontrée par l’examen bactériologique. Cependant, l’utilisation de l’enfant soulève une polémique. Un vaccin, malgré le contrôle bactériologique, peut encore renfermer des germes pathogènes non vus à l’examen du fait de leur petit nombre. Suite à l’inoculation chez l’organisme vivant, ces germes peuvent se développer chez l’enfant et lui donner des complications. Mais, qu’on utilise l’animal ou l’enfant, il est important d’observer le développement des pustules pour juger de l’efficacité du vaccin. Un vaccin qui ne donnera pas autant de pustules que d’inoculation est un mauvais vaccin, et un autre qui donne autant de pustules que d’inoculation peut être médiocre.

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