Institut Bactériologique

 »’Institut Bactériologique de Tours, IBT. »’

Créé en 1919 par Marcel Belin, sur le site de l’Institut Vaccinal de Tours rue Léon-Boyer, pour produire du vaccin contre la fièvre aphteuse par le procédé du complexe vaccino-aphteux. Les deux instituts semblent avoir coopéré : Edmond Chaumier fournissant la vaccine à l’IBT, Marcel Belin continuant sans doute à effectuer les examens bactériologiques sur les lots de vaccine de l’Institut Vaccinal. Il est possible que le nom initial fût « Laboratoire bactériologique de Tours ».

La lecture des publications de Marcel Belin indique aussi qu’il avait plus d’une corde à son arc en créant l’IBT. Il n’a donc peut-être pas tout fondé sur le vaccin antiaphteux et peut-être même que ce dernier ne fut pas vendu tout de suite. Avant guerre, Marcel Belin connaissait déjà bien la sérothérapie (anti-variolique ??), la maladie sérique, l’anaphylaxie et la tuberculine (sans doute pour exclure les vaches tuberculeuses de la production de vaccin). Pendant la guerre, on le voit faire de la sérothérapie de la morve et des autovaccins qu’il appelle autopyothérapie (des autovaccins seront produits à l’IBT jusque la fin des années 60). Plus curieuses est son oxydothérapie à laquelle il s’intéressait déjà avant guerre.

Sur le plan vétérinaire, l’Institut de Sérothérapie de Toulouse existait depuis 1905, fondé par Leclainche, Vallée et Bimes. Ils produisaient du sérum anti-rouget de porc et du sérum anticharbonneux. Il est certain qu’il les connaissait puisqu’il avait été l’élève d’Henri Vallée. A-t-il positionné son entreprise sur un autre segment, sans être en concurrence ? Ou au contraire a-t-il cherché dès le départ à produite aussi des sérums. On ne sait décidément rien sur cette période. Seules pour l’instant les publications scientifiques pourront nous en apprendre.

En 1929, l’IBT prit son autonomie et alla s’installer rue du gazomètre (maintenant rue Delpérier) dans les anciennes usines des automobiles Delahaye.
Cette information n’est pas exacte car une ancienne facture de l’IBT datée de février 1923 (FW F021P) indique 3 adresses : 60, 62, 64, 66 rue du Gazomètre, 13 rue Charles-Boutard et 21 rue Léon-Boyer. Le déménagement rue du Gazomètre est donc bien antérieur, mais s’est fait tout en gardant une implantation rue Léon-Boyer, avec l’Institut Vaccinal. Est-ce que la date de 1929 serait le déménagement du siège et la séparation complète entre les deux instituts ? Cette facture comporte par ailleurs 5 timbres de l’Union Vétérinaire Pharmaceutique, partie du Syndicat National des Vétérinaires de France et des Colonies (signification ?).

Dans les années 50-60, les bureaux et les laboratoires de l’IBT se trouvaient alors au 56-66 (58-60 ?), officiellement 64 rue Delpérier (tout est abattu sauf une tour) ; les animaux (vaches) destinés à la production du vaccin aphteux (par la méthode Belin) se trouvaient au n°35, mais étaient transférées de l’autre côté de la rue pour être rasées, scarifiées (vaccine) et inoculées par voie intra-veineuse avec le virus aphteux. A partir de 1931, la vaccine était fournie par le laboratoire Fasquelle (c’est peut-être pour cela aussi que les frères Fasquelle avaient maintenu un établissement à Tours) mais à partir de 52-53, la vaccine a dû arriver de Paris (le labo parisien ne ferma qu’en 1979 lors de la déclaration OMS d’éradication). Les publications des années 50-60 disent que le vaccin était trivalent. Depuis quand l’était-il ? L’avait-il été dès le départ ? Il faudrait reprendre ce qu’ils ont écrit sur le sujet.
D’après Mme Rodriguez, cette production a dû avoir lieu jusqu’en 1967-68. C’est à peu près aussi la date donnée par André Dalzelle. C’est la famille de M. Digneffe, chef de production du vaccin aphteux qu’il faudrait intérroger. Dans la thèse de Xavier Michaux, sont évoquées les difficultés techniques et économiques de la méthode Belin. Il y avait des pétitions dans le quartier, pas tant pour le risque infectieux que pour le bruit que faisaient les vaches (et elles souffraient beaucoup, tout le monde en parle). Une autorisation devait être demandée annuellement afin de pouvoir continuer les expériences sur les vaches. Monsieur André Dunais, qui est arrivé en 1959 pour s’occuper des vaches et qui habitait au 35 rue Delpérier pourra sans doute en dire un peu plus. Il a quitté en 1980. M. et Mme Dunais ont conservé un article de presse faisant état d’une vache qui s’était sauvé et que son mari et Claude Belin ont dû aller repêcher dans la Loire. Lorsqu’il n’y a plus eu de vaches (67 ?), le 35 rue Delpérier est devenu un entrepôt de produits pharmaceutiques.

Pendant l’occupation, on ne sait pas si l’IBT collabora avec les Allemands, mais on est en droit de se le demander compte tenu des activités de Marcel Belin. (Voir d’ailleurs en page 42 de l’ouvrage « Les allemands en Touraine 1940-1944 » publié en 1996 chez CLD par Claude Morin et Claude Croubois où il est mentionné que le directeur de l’Institut bactériologique de Tours, qui est en même temps responsable du Rassemblement National Populaire, écrit en mai 1942 au Dr. Herbig, vétérinaire allemand… ; voir aussi en page 118 de l’ouvrage « Touraine 39-45: histoire de l’Indre-et-Loire durant la 2e Guerre mondiale » publié en 1990 chez CLD par Robert Vivier ; Googlebooks). Claude Belin semble être rentré d’Allemagne en 1941 (à voir) ; je pensais qu’il avait pris progressivement les rênes de l’IBT dans la mesure où son père devait être absorbé par ses activités politiques et le spiritisme, mais ça ne colle pas avec l’image que me donne M. Dazelle (qui est arrivé à l’IBT 15 ans après la mort de Marcel BelinRioux ? – car il considéré sans doute son fils comme n’étant pas à la hauteur et trop mou.). Si Marcel était omniprésent, sa mise en prison à la libération a dû poser problème et c’est donc peut-être à cause de celà que Claude s’est vu contraint de prendre les rênes de l’IBT. On comprend encore mieux alors pourquoi il est intervenu auprès d’Emile Aron pour le faire libérer, car son absence devait poser un vrai problème de fonctionnement. Une fois son père libéré, Claude a sans doute dû rester pour représenter la façade extérieure, plus présentable… Et c’est donc malgré lui qu’il est resté à l’IBT…  »Concernant cette période, il faudra retrouver les dossiers concernant Marcel Belin à la libération, et ce qu’ils disent en filigrane de l’IBT ».

En 1950, à la mort de son père, Claude Belin qui était médecin dut embaucher un vétérinaire comme directeur technique de l’IBT. Jean-Claude Rioux fut embauché le 1er octobre 1950. On trouve aux Archives Départementales de Saône et Loire (71), sous la côte 646W29 (calamités agricoles – épizootie de fièvre aphteuse) un dossier de contentieux, « affaire Belin, Docteur en Médecine, gérant de l’Institut Bactériologique de Tours contre Rossi, Directeur départemental des Services Vétérinaires de Saône et Loire (1949-1952) » Le dépouillement de ces archives pourrait être intéressant car on se situe au moment du relais entre Claude et Marcel, mort début 1950 alors que Rioux n’arriva qu’en octobre 1950 et devait être encore jeune… Peut-être pourrait-on y lire en filigrane les réelles capacités de Claude Belin ?

Le Bulletin de l’Office international des épizooties (1958, vol 49) mentionne en page 158 que le vaccin antiaphteux trivalent 0(2) A(5) C a été introduit pour la première fois en France par l’IBT, et en page 157 qu’un contrat lie l’Etat et l’IBT pour la production de vaccin antiaphteux.
En 1954 dans la Revue de médecine vétérinaire (vol. 105) publiée par les Écoles nationales vétérinaires de Lyon et de Toulouse on y apprend page 704 que l’Institut français de la fièvre aphteuse a fourni pour 110 millions de francs de virus, l’IBT 81 millions et l’Institut d’immunologie appliquée 39 millions (dans quel contexte ?). L’IBT est mentionné à deux autres endroits, page 5 et 126 de ce même volume.

La production de vaccin antiaphteux est restée l’activité principale de l’IBT jusqu’en 1967-68 environ. Cette production se faisait sous la responsabilité de M. Digneffe (supervision Rioux). Qui était le technicien ? André Dunais habitait au 35, là où arrivaient les bêtes, et il était chargé de les réceptionner. Lorsqu’il arriva en octobre 1959, on en était à peu près au n°600. Ils ont dépassé le n°1000 ; il fallait produire, produire, tant la demande était importante. C’est Arnaud, le marchand de bestiaux de Mettray (qui avait aussi une boucherie aux Halles) qui leur livrait les vaches par 23, chaque semaine (en tous cas, les semaines de production)- (A. Dazelle parle plutôt de 6 vaches par semaine mais confirme la possibilité de 23 vaches à certaines périodes de l’année). C’était souvent des vaches de réforme, de race Hollandaise et originaires de Bretagne, qui avaient déjà fait leur carrière de vache laitière. D’après M. Dunais, les vaches arrivaient le lundi (ou le vendredi qui précédait ?). Elles étaient amenées au 58 rue Delpérier le lundi, où elles étaient solidement attachées sur des tables et scarifiées. On passait ensuite le vaccin (cow-pox) au pinceau. Les vaches étaient ensuite « emballées » dans des draps. Deux heures plus tard, on leur inoculait le virus de la fièvre aphteuse par injection intra-veineuse. La récolte du virus aphteux avait lieu le vendredi (récolte des croûtes par grattage puis broyage et dépôt dans de la glycérine). Le vaccin était ensuite gardé à 4°C dans de grandes cuves et le travail de M. Dunais consistait à surveiller de près la température. Ces cuves contenaient à la fois les antigènes, du virus aphteux et du virus vaccinal (pré-traitement au chloroforme), des saponines (extraites à partir d’écorces de chêne), de la formaline, de l’alumine hydroxyde ainsi que de bonnes doses d’antibiotiques (pénicilline et streptomycine).
Une fois par mois, les vaches étaient utilisées pour contrôler les vaccins. Chaque lot (déterminé en fonction du sérotype O, A ou C – un lot par mois) était validé avec vache immunisée en une injection. Puis les vaches partaient à Fouassé pendant trois semaines avant de retourner sur Tours pour leur inoculer dans la langue 4 doses différentes de virus.
Le contrôle du titre en virus aphteux des vaccins avant qu’ils ne soient chloroformés était réaslisé sur des souriceaux de 2-3j.

Il y eut aussi une production de vaccin contre la myxomatose, avec environ 200 lapins rue Delpérier sur lesquels on récoltait le virus. De la même façon, il y eut une production de vaccin contre la peste porcine. Des porcs se trouvaient à La Riche. Ils étaient inoculés puis abattus, et on récoltait les tissus « avariés » desquels on extrayait le virus pour en faire un vaccin. Rue Delpérier, il y avait aussi 5 à 600 cobayes (pour titrer les sérums ??). Il y a eu aussi des furets (pour produire ??).

Sous l’impulsion de Jean-Claude Rioux (à moins que cela ait déjà eu cours avant, avec Marcel Belin), a été entamée une production de sérums bovins et de sérums équins (pour les bovins, il était préférable de prendre du sérum bovin que du sérum équin). Ils produisaient des sérums anti-tétanique et anti-Clostridium, ainsi que des sérums anti-rouget du porc sur chevaux. Cette production de sérums eut lieu rue Delpérier de 1950 à 1956 (avec des rotations), puis ils louèrent une ferme sur la Choisille (à Chanceaux, devenue un Centre équestre) et enfin une ferme à Mettray (Fouassé) à partir de 1959. Les vaches destinées à la production de sérum (et les chevaux) avaient été mises au vert pour éviter qu’elles n’attrapent la fièvre aphteuse rue Delpérier. A Fouassé, il y avait à peu près 25 vaches et 15-17 chevaux ; les bêtes étaient gardées plusieurs années (3 ans ?), et régulièrement immunisées et saignées. L’intérêt de la sérothérapie déclina avec la généralisation des élevages collectifs dans les années 1950-1960 (avant, les éleveurs étaient attachés à leurs bêtes, qu’il fallait sauver). Quand A. Dazelle est arrivé à l’IBT en 1965, la production était réduite à 70 L de sérum par an (rouget ?). M. Guénault a travaillé à Fouassé et devrait pouvoir encore raconter ce qui s’y passait. M. Yves Peineau également ; c’est lui qui immunisait et récoltait le sérum. Il a eu un accident et se trouve paralysé depuis longtemps. D’après M. Dunais, M. Guénault et M. Peineau se sont fâchés à la suite de l’accident. D’après Mme Gaboriau, et c’est confirmé par Mme Rodriguez et M. Dunais, on préparait du sérum anti-rides chez la vache… En l’immunisant avec ??? La sérothérapie au secours de la Cosmetic Valley !!!

L’acquisition en 2014 d’un lot de 10 buvards différents de l’IBT (FW F073P et F074P), datant probablement du début des années 60, permet enfin d’avoir des éléments tangibles :
– Buvard de présentation générale (également FW A845P): « vaccin antiaphteux Belin, sérums, vaccins, produits chimiothérapiques et biothérapiques ».
– Peste porcine : vaccin au cristal violet bivalent (souche classique et souche aberrante française) (marque Pestipor et Pestipormax)
– Maladie de Carré : vaccination préventive, protéinothérapie, sérothérapie. Vaccin préventif adsorbé (Canivirus), vaccin préventif paraspécifique (Canipara), vaccin curatif (Canicur), sérum homologue (Caniser)
– Bactériothérapie générale. Vaccin polyvalent maladies infectieuses (Polymin, Polyméga) ; vaccin pour le traitement des plaies (Cicamin, Cicaméga)
– Maladies infectieuses équines, vaccins, sérums, anatoxines. Gourme : anatoxine gourmeuse (Anagour), vaccin antigourmeux (Gourmin), sérum antigourmeux (Gourser). Avortement salmonellique des juments, vaccin (Salmomin). Septicémie des poulains et ses complications, vaccin (Equisepti, Equiseptimin), sérum (Equiseptiser), vaccination de la mère et du jeune (Natéqui). Antibiotiques, pénicilline, streptomycine, bacitracine.
– Septicémie des veaux, vaccin injectable, vaccin buvable, sérum. Vaccins : septicémie et ses complications (Septi, Septimin, Septimax), entérite infectieuse, vaccin buvable (Orentéro), polyarthrites infectieuses (bovarthri, bovarthrimin). Sérums (Septiser et Septidix). Vaccination de la mère et du jeune (Natibov)
– Maladies infectieuses ovines, Mixovi, nouveau vaccin d’urgence à forte concentration et très haute polyvalence, contre les entérotoxémies et gangrènes, le charbon symptomatique, les infections à bacille de Preisz-Nocard, les pasteurelloses et salmonelloses. Mixovimin, Mixovimax, Mixoviméga, Mixoviperfo, Mixovivrac.
– Peste aviaire, vaccin mixte peste Newcastle adsorbé sur hydroxyde d’alumine. Pestomin, Pestomax
– Rouget, vaccin tué adsorbé, méthode Traub-Hausmann. Rouvac, Roumin, Roumax
– Bacitracine : bactériostatique, bactéricide, facteur de croissance. Ibétracine, Tracigel, Bacifur, Bacigyne, Bacipel, pour de nombreuses indications.

Philippe Maupas a été embauché le 1/1/1966 par Claude Belin. On ne sait toujours pas comment (Saurat ? à interroger, il vivrait toujours), ni même pourquoi. Et pourtant, ils ont réussi à faire venir Philippe Maupas… Simplement le salaire ? Je pensais que Claude avait des projets ambitieux et voulait introduire de nouvelles technologies et notamment les cultures cellulaires. Alain Dalzelle me dit que ce n’était pas du tout le cas. Le premier travail de Philippe Maupas était de réduire le volume de vaccin de 10 à 5 mL (quel défi !!!) et il lui avait suffi de démontrer que la dose de 5 mL donnait une immunité aussi bonne que 10… Cependant cette diminution des volumes ne permit par d’augmenter la production puisque celle-ci était limité à un quotat de 1 million de doses. Il avait dû aussi introduire le titrage virale sur souriceaux. Dans la thèse de Xavier Michaux, il est dit aussi que Philippe Maupas mit aussi au point un vaccin anticolibacillaire (il comparait déjà l’enfant et le veau) à partir d’une souche apathogène. Ca me paraît assez bien dans l’esprit de la maison Belin. Philippe a dû aussi introduire la méthode Frenkel de culture du virus sur fines lamelles de muqueuse en culture. C’était sans doute à l’époque où Charles Mérieux cherchait à unifier toute la production de vaccin antiaphteux sous la coupe de son Institut français de la fièvre aphteuse (IFFA) qui employait cette méthode depuis quelques temps. Charles Mérieux parvint à absorber l’Institut de Sérothérapie de Toulouse en 1967 ou 68 ainsi qu’un autre institut, mais Claude Belin prit peur et préféra garder son autonomie et la fidélité à la technique de son père. L’IBT subissait aussi la concurrence du laboratoire Roger Belon (à vérifier) qui était venu s’installer à Avon-les-Roches (quand exactement ? sur un terrain proposé par l’élu local qui ne cherchait pas particulièrement à veiller sur l’IBT…) pour produire du vaccin aphteux.. Sans doute que cette concurrence et la constitution d’IFFA fit peur à Claude Belin et qu’il avait besoin lui aussi de grossir. Il se tourna vers l’étranger, d’abord vers une société allemande, et finalement ce sera les Pays-Bas avec Philips (Claude Belin était consul honoraire des Pays-Bas, est-ce que cela a un lien ? A. Dazelle nous apprend que Philips était déjà là quand le consulat s’installe et que c’est Mme Grison qui s’occupait du travail pour consulat). Les négociations durent avoir lieu en 1968, et Philips entra dans le capital seulement en 1969 apparemment, à hauteur de 45 % environ selon Alain Dazelle. Alain Dazelle est alors directement embauché par Duphar (branche pharma de Philips) et détaché sur le site de Tours. La branche Duphar était particulièremenr intéressée par l’IBT car était dans l’incapacité de produire des virus aphteux aux Pays-Bas. Pour lui, c’est Philips qui a demandé à Belin d’introduire de nouvelles méthodes de production virale sur cultures cellulaires, et en particulier sur BHK21 (baby hamster kidney), et c’est à Philippe Maupas qu’on le demanda. En un temps assez bref, Philippe parvint à produire du virus aphteux sur cellules BHK . D’après JC Rioux, ils ont été confrontés à des chocs anaphylactiques chez les bovins qu’on vaccinait, mais d’après Dalzelle, ce problème a pu se régler rapidement en modifiant le milieu de culture (voir peut-être dans la thèse de sciences de Philippe Maupas). Il semblerait, selon A. Dazelle, que Belin était réfractaire à toutes modifications de techniques. Apparemment Philips voulait aussi lancer la production de virus grippal en France, pour concurrencer Pasteur et Mérieux qui ne parvenaient pas à satisfaire la demande. Se posait évidemment le problèmes des installations expérimentales (et de leur agrément) qui doivent être bien distinctes des installations pour la production de vaccin vétérinaire.

Selon Mme Rodriguez, les Hollandais considéraient P. Maupas comme un rigolo ; ça n’étonne pas du tout Pierre Chaplot : il rigolait tout le temps, il était jeune, fou-fou,… Pire encore je pense (d’après ma conversation avec Dalzelle), ils n’avaient aucune estime pour Claude Belin. Que J.C. Rioux m’ait avancé l’excuse des investissements de Philips dans la TV couleur masque sans doute une autre réalité (JC Rioux protégeait Claude Belin…). A priori, les Hollandais ont dû se rendre compte au cours de l’année 1969 qu’on ne pouvait rien faire avec l’IBT. Selon M. Dalzelle (parti chez Philips en 1970), Claude Belin s’arc-boutait sur la technique Belin de production du virus aphteux (qui représentait toujours 70% environ du CA de l’IBT). Madeleine Grison m’a dit que la technique Belin avait été finalement vendue aux Laboratoires Roger-Bellon (le concurrent de longue date !!). Pour Alain Dazelle, c’est plus la marque (« vaccin Belin ») que la technique qui n’était plus du tout utilisée. L’IBT-Duphar se mit à vendre du vaccin aphteux produit par Roger-Bellon selon la méthode Frenkel et sous la marque « Belin » (M. Dunais allait chercher les doses de vaccins chez Roger-Bellon). Il ne semble pas que l’IBT-Duphar ait vendu du vaccin aphteux produit aux Pays-Bas, là où se trouve toujours la recherche et la production de vaccins vétérinaires, sous l’étiquette Fort Dodge.

Entre 1969-70 (entrée de Philips dans le capitale à environ 50%) et 1977, les relations entre Claude Belin et les Hollandais étaient très mauvaises. Il ne se montrait pas coopératif d’après Madeleine Grison. Dans ces années, c’était le Dr.J.H.G.Roerink, chef de service des vaccins veterinaires de Philips-Duphar
à Weesp, patron d’Alain et Tiny Dazelle, qui avait les contacts avec l’IBT et ce, dès le début. Il vit encore et Alain Dazelle doit aller l’interroger. En 1975, la loi Simone Veil sur la pharmacie vétérinaire impose que J.C. Rioux devienne directeur technique. Voir en 1977 le n° des  »Informations techniques des services vétérinaires » consacré à l’abeille qui semble être une édition commune avec l’ »Institut bactérologique de Tours-Duphar ».  »Est-ce le cas des autres numéros ? Quelle en était la raison ? Il faudra s’intéresser à cette revue ».

Pour clore les difficultés avec Claude Belin, Philips a racheté toutes ses parts et ils se sont débarassé de lui. Au 1er janvier 1978, l’intégralité de l’IBT passe sous le contrôle de Philips. Le vétérinaire Gug, qui avait fait ses études avec Rioux est recruté pour succéder à Claude Belin (les relations entre Gug et Rioux furent bonnes, assez curieusement).

A. Dazelle m’a également dit que c’était la femme de Claude qui « tenait la culotte à la maison ». C’est confirmé par Bernadette Maupas qui dit aussi qu’elle était un peu grossière (genre mal dégrossie ou brut de décoffrage), que Claude Belin en avait honte et qu’il ne sortait jamais avec elle. Elle siégeait au C.A. de l’IBT. Il ne semble pas qu’elle ait influencé les destinées de l’IBT en le poussant de plus en plus vers les spécialités chimiques et biologiques, mais… Philippe Maupas avait lui-même pas mal travaillé dans cette partie et rencontré des problèmes de pharmacocinétique, et pourrait avoir conçu Butasyl, IB 201, Ionhydran, Septidispenser, Diargel. Les 3 premiers sont encore produits en tous cas distribués par Fort Dodge Santé Animale http://www.pharmaxie.com/Fort,dodge,sante,animale-Laboratoire-num-537.html. Philippe Maupas semble aussi avoir introduit les « sachets-repas » pour les veaux (cf. thèse Xavier Michaux). A partir de 1970 (abandon des biologiques), il n’y aura plus que de la production de spécialités vétérinaires à partir de produits chimiques, y compris de la cosmétiques : shampooing pour chiens, produits pour l’eczéma des chiens,… A cette époque, c’est Jean-Michel Blanchart qui fut recruté comme pharmacien vétérinaire (en remplacement de Maupas ?). C’était un dynamique (même caractère que Maupas selon Dazelle) et il s’est fait « virer » par Rioux.

En 1982, les laboratoires Salsbury (Quimper) sont rachetés par Duphar et rapatriés sur le site de Tours. Il y aura aussi intégration de Prochimex à Marseille (produits buvables avec vitamines + poudres) qui sera rapatrié à Tours. Locaux Bd Thiers ?

En 1986-87, Solvay (peroxydes (eau oxygénée), sels pour lave-vaisselles) rachète Duphar et créée Solvay Santé Animale. Puis c’est au tour de Fort Dodge en 1995 ou 1996 de racheter Solvay Santé Animale. Fort Dodge Santé Animale décide alors de faire partir en Espagne toute la production qui restait (chimie) et licencie pas mal de personnel (dont Michel Adgnot). Ils ne gardent que l’administration et la distribution qui partira quelques années après aux Deux-Lions. Les installations de la rue Delpérier sont démolies (une partie des terrains sont acquis par l’Institution ND La Riche) ; seule la tour où l’on conditionnait les vaccins a été conservée.
Mme Henri est sans doute la seule de l’époque héroïque à encore travailler aux Deux-Lions (elle a connu Claude Belin). Récemment, Fort Dodge est entré dans le giron de Schering-Plough Santé Animale (produits vétérinaires). L’actuel responsable est M. Stan Verhouden.

Personnel IBT

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