LeDouble, jeune médecin et jeune anatomiste

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En 1867, l’année de la mort de http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Velpeau Velpeau , il entre à l’Ecole de Médecine de Tours (Médaille de bronze en 1868, d’argent en 1869, et médaille d’or-Prix Tonnellé en 1871). Il est de la même génération qu’Eugène Héron, dont il resta très proche. C’est l’anatomiste Saturnin Thomas qui l’influença le plus. Il lui transmit le goût pour l’anatomie comparée et la morphologie générale, ce qui le prédisposa à l’étude des variations anatomiques. Le second professeur qui influença sa carrière, fut Eugène Giraudet. Celui-ci, connu pour forcer ses étudiants « à la dissection à outrance », lui transmit probablement son obsession à la dissection, mais plus encore, l’envie d’écrire sur sa région et les grandes personnalités qui ont fait sa renommée. Lors du conflit 1870-1871, il était interne à l’hôpital de Tours et soigna les malades et blessés de l’armée de la Loire (il reçut la médaille commémorative de la guerre).  »Noter qu’il reçoit le Prix Tonnellé après la guerre, et que Saturnin Thomas chez qui il était peut-être interne était le beau-frère de Louis Tonnellé. »

Il part à Paris en 1871. Il est reçu 15e (sur combien ?) au concours d’externat. Il passe l’année 1872 à la Pitié sous la direction du Dr. Lasègue. L’année suivante, il est à Bicêtre sous les ordres de Legrand du Saulle. A noter ce que ce dernier pense de son élève à la fin du service :  » Léger, faux, étourdi, sans gêne, inexact. Il ne manque pas de quelque intervention, mais il ne paraît aimer ni la médecine ni les malades. C’est un amateur. » Le Directeur de manque pas de rajouter qu’il fait souvent le service de la garde (punition ?). Puis il termine l’année en faisant un court séjour à la Maternité avec le Dr. Hervieux. La même année, il est reçu interne des hôpitaux de Paris (36ème sur 40). Il passe les six premiers mois de 1874 sous la direction du Dr Cornil à Sainte-Périne, puis les six autres mois avec le Dr. Paul Horteloup (1837-1893). Les commentaires de sa fiche de service sont tout aussi intéressants : « Peut être un bon interne au point de vue médical mail il y a quelques réserves à faire au point de vue administratif, notamment sous le rapport de l’exactitude du service » (Le Directeur). « Esprit brouillon ; a fait cependant assez bien son service ; mais il a trop de prétentions » (Dr Horteloup). « Service fait avec une extrême négligence, à la hâte et pour se débarrasser. Se dispense de visite du soir, même quand l’état des opérés du jour la rendait indispensable » (le Directeur).

En 1875 il recueille avec son collègue Léon Garnier les leçons du Pr. Alfred Richet à l’Hôtel-Dieu sur les fractures de jambes. En plus d’Alfred Richet, il eut pour maître Paul Broca qui l’admit dans son laboratoire d’anatomie et lui donna le goût de l’anthropologie (Broca avait créé la Société d’Anthropologie de Paris en 1859). A.F. LeDouble devient sans doute membre de la Société d’Anatomie dès cette époque. Il devient membre titulaire de la Société d’Anthropologie de Paris le 18 mars 1876. En parallèle, il est interne sous les ordres du Dr. Cusco à l’Hôtel-Dieu, jusqu’en juin, où il est considéré comme démissionnaire.

Il soutient sa thèse le 18 mai 1876 « Du kléisis génital et principalement de l’occlusion vaginale et vulvaire dans les fistules uro-génitales ». C’est un travail monumental, en particulier sur le versant bibliographique, car il a patiemment remonté les sources historiques (quel chirurgien s’est inspiré de quel autre avant lui ?) et il a aboutit à la conclusion qu’il s’agissait d’un Français, Vidal (de Cassis), qui avait le premier découvert la méthode indirecte de traitement des fistules vésico-vaginale. Il démontrait en outre la supériorité de cette méthode. Cette thèse lui valut un prix de thèse (médaille de bronze) et le titre de Lauréat de la Faculté.  »Voir qui était dans le jury (Broca ?) et à qui la thèse est dédiée ».

Il revient alors à Tours, et il est nommé en 1878 chef des travaux anatomiques à l’Ecole de Médecine. Dans le 1er volume de son traité des variations, il dit avoir « pris possession » de l’amphithéâtre d’anatomie en 1878. En 1879, il devient professeur suppléant d’anatomie et de physiologie, et par ailleurs chirurgien à l’Hospice Général. Il reprend alors, seul et sans moyens, ses travaux d’anatomie pathologique, et ses travaux d’anatomie humaine et comparée. C’est apparemment un besogneux, consciencieux, mettant beaucoup d’ardeur et de ténacité dans son travail, capable d’interpréter ses découvertes et leur portée. Le Docteur Baudoin (cf. article de  »La Dépêche » cité ci-dessus), affirme que durant les 9 ans qu’il a passé en tant que professeur suppléant d’anatomie, il organisa un service de statistique où furent notés tous les cas anatomiques anormaux rencontrés.

Ses premières publications sont consacrées à l’anatomie pathologique. Il fait de nombreuses observations intéressantes et en tirent des conclusions pertinentes : sur l’hypertrophie mammaire double en 1875, sur le traitement des hémorragies de la paume de la main en 1877, sur l’auscultation des kystes de l’ovaire en 1877, sur l’atrophie des zones motrices (cf. Broca) et l’arrêt du développement d’un membre en 1877, et sur la migration des aiguilles sous l’influence de la contraction musculaire en 1878. En 1878, dans son ouvrage sur  »l’Epididymite blennorrhagique dans les cas de hernie inguinale, de varicocèle ou d’anomalies de l’appareil génital », il formule un certain nombre de règles, qui furent appelées plus tard les « Lois de Ledouble ». Sans doute sous l’influence de la Société d’Antropologie de Paris, cette loi sera considérée comme la transposition en pathologie des lois de Darwin (les maladies atteignent préférentiellement les sujets ayant des organes anormaux et contribuent à maintenir le « type » normal). L’ouvrage fut couronné par l’Académie des sciences (Prix Godard 1000 F) et par la Faculté de médecine de Paris (prix Chatauvillard 2000 F).

Sa quête des anomalies anatomiques lui permit d’ouvrir un musée, appelé « Musée des Variations », où il exposait une centaine de pièces naturelles ou en moulage. (date ? il est cité en 1908. Où ? sans doute à l’Ecole de médecine)

Il commence à publier ses travaux sur l’anatomie humaine en 1879 (dans le bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris) et sur l’anatomie comparée en 1880 (Société pour l’Avancement des Sciences), en se focalisant sur les muscles du tronc, du cou et de la face. Il publiera ainsi jusqu’en 1889 24 chapitres du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales d’Amédée Dechambre et Léon Lereboullet, et à peu près autant dans la revue d’anthropologie.

Parallèlement, il participe aux travaux de la Société Médicale d’Indre-et-Loire, et publie quelques observations plus « médicales » : Différence histologique entre les membranes de la diphtérie et celles de la bronchite pseudo-membraneuse (1877), Fièvre typhoïde à rechute (1877), De la fièvre intermittente régulière chez les enfants nouveau-nés (Annales de gynécologie, 1877), Rapport sur un cas de syphilis viscérale et de syphilis de la période tertiaire (1878). Il fait l’éloge du Pr. Millet à ses obsèques (1881), et devient président de la Société Médicale d’Indre-et-Loire en 1882.

En 1880 , il écrit un ouvrage (Tours, In-8°, 39p) intitulé  »Des avantages de l’allaitement maternel pour la mère, pour l’enfant, pour la famille et pour la société », ouvrage récompensé par la Société Nationale d’Encouragement au Bien (médaille d’argent).  »Cet ouvrage a-t-il inspiré le Bulletin des nourrices au sein d’Indre-et-Loire édité pour la première fois en 1886 ? »

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