Gibier

 »’GIBIER Paul »’ (9/10/1851-06/1900). Médecin, habitant au n°23 rue de Palestro (Paris)

Né à Savigny-en-Septaine (Canton de Bourges – Cher). Fils de Louis Gibier (1815-1861) chef de gare, et de Pauline Baudry. Orphelin de père avant dix ans, sa mère ayant supporté son éducation ainsi que celle de sa soeur. Fit 4 ans au petit séminaire. A 15 ans, pour ne plus être à la charge de sa mère, il s’engagea comme apprenti dans une fabrique d’armes. En 1869, il devenait mécanicien chez un marchand de machines. En 1870, il entrait dans les usines Cail & Co, le fabricant de locomotives. Engagé volontaire pendant la guerre de 1870-1871, il fut en réalité envoyé en Algérie pour combattre une rebellion arabe (4ème régiment de cavalerie africaine).
En 1872, il devient clerc au bureau des taxes du P.O. à Paris avec un salaire annuel de 1200 francs, mais trouva le métier trop monotone et eut l’idée de devenir médecin. En 1875, il obtint un diplôme (lequel ?) lui permettant de commencer sa médecine, avec l’obligation de passer son bac en parallèle. I

Interne en médecine et en chirurgie des hôpitaux de Paris de 1880 à 1888, aide-naturaliste près la chaire de pathologie comparée au Muséum d’Histoire naturelle (H. Bouley, également avec Paul Bert). C’est déjà un admirateur de Pasteur. Ayant besoin de froid pour ses expériences, il conçoit un appareil frigorifique qui fut breveté par le gouvernement français. C’est alors qu’il put faire des observations importantes sur l’action du froid sur la trichine. Vers la fin 1882, il commence ses expériences sur la rage, ce qui aboutira à son travail de thèse « Recherches expérimentales sur la rage et sur son traitement » (1884). Elle est publiée la même année avec une préface d’H. Bouley.

En 1885, il est chargé d’une mission médicale par le ministre de l’Intérieur pour organiser les services médicaux contre l’épidémie de choléra qui sévissait dans le Midi de la France. Il en tire un rapport sur l’épidémie de choléra dans l’arrondissement de Brignoles (Var). Ayant souffert sur place de l’absence de stérilisateur pour les vêtements et la literie, il fait de nouveau appel à ses compétences mécanique à son retour à Paris, et conçoit un stérilisateur à vapeur qui a été adopté par les asiles et hôpitaux de Paris.
Il part ensuite en Allemagne, également dans le cadre d’une mission scientifique pour y étudier l’organisation des laboratoires de recherches médicales. Il reste surtout à Berlin, analysant les méthodes en usage chez Koch. Toujours en 1885, il est chargé d’une mission scientifique pour le compte du ministère du Commerce en Espagne, pendant l’épidémie de choléra de Valence, pour étudier la méthode de vaccination anticholérique du Dr. Ferran (vaccin atténué). Il en est promu officier d’Académie et chevalier de la Légion d’Honneur. Il reçoit sa décoration de Sieur Frémy, membre de l’Institut et directeur du Muséum d’histoire naturelle.
Il édite les leçons de Victor Cornil (BNF).

En 1886, il travaille en collaboration avec Pasteur et sera le seul médecin de son laboratoire pendant quelques mois (au moment du vaccin contre la rage). En 1887, à la demande du gouvernement français, Pasteur l’envoie étudier la fièvre jaune à Cuba. En septembre 1888, il retourne étudier la fièvre jaune, en Floride cette fois. A son retour, il passe par New York, et retourne en France avec des enfants ayant été mordus par un chien enragé, afin qu’ils se fassent traiter en France. Il en conclut la nécessité d’un établissement anti-rabique aux US, ce qu’accepta Louis Pasteur.

L’Institut Pasteur de New-York fut fondé en décembre 1889 (N°178 West 10th street) et eut du mal à se faire accepter. Gibier résista, puis avec le Pr. Doremus, Cyrus Edson, Holbrook Curtis, Frederick Peterson, James E. Kelly et A. Liautard, il fonda le New York Bacteriological Institute en 1890. Un premier patient reçut le ttt anti-rabique en février 1890, puis l’Institut se développa, malgré toujours des résistances. L’Institut migra au n°1 W. 97th street, et prit son essor, commençant des expériences sur l’organothérapie puis la sérothérapie. ls furent les premiers en Amérique à étudier la sérothérapie, et c’est sous leur impulsion que furent produites des anti-toxines. De même, ils introduisirent la lymphe vaccinale glycérinée. Il est auteur d’un pli cacheté (n°4966) envoyé en novembre 1893 à l’Académie des sciences, donc antérieur aux travaux de Jules Héricourt et Charles Richet, suggérant l’intérêt de la sérothérapie dans le traitement des cancers. Il était membre de l’Académie des Sciences de New -York, de la Société des Recherches psychiques de Londres. Il est membre du  »New York Academy of Medicine » et  »The Medical Association of New York ». Editeur du  »Therapeutic Review ».

Une autre version de son départ à New-York serait celle d’un exil, du fait de son intérêt trop prononcé pour le spiritisme et de la publication de son ouvrage sur le fakirisme en 1886 http://rascunhodomarcilio.blogspot.com/2011/03/les-materialisations-de-fantomes.html. De fait, Paul Gibier voulait comprendre le fonctionnement de l’esprit… http://spirite.free.fr/ouvrages/amort21.htm. Il avait été l’élève de Charcot à la Salpêtrière, ce qui l’avait initié à l’hypnotisme et à la suggestion. En 1885, il fut attiré par le spiritisme comme d’autres chercheurs de son époque, Williams Crookes, Russel Wallace, Hippolyte Bernheim, Liébault, Charles Richet, Aksakoff, qui avaient fondé la Society for Psychical Research. Georges Gibier Rambaud dit en 1900 qu’il était dangereux d’afficher publiquement son intérêt pour ces choses-là…
Paul Gibier pense que le psychisme est une relativement nouvelle branche de la science, ce qui est proche de Richet. Selon un article du 14 juillet 1900 du  »Britisch Medical Journal », Gibier était un élève de Richet. Celui-ci lui aurait transmis sa passion pour le spiritisme (mais aussi l’aurait encouragé sur la sérothérapie comme sujet de sa thèse).

Il débute ses études psychiques en 1885 avec Mme. Salmon (un pseudo pour Carrie M. Sawyer), un medium remarquable avec il conduira ses expériences pendant 10 ans dans son laboratoire de New-York et sa maison de campagne (Pasteur farm, à Suffern). Il établit la réalité de phénomènes étranges en Angleterre, en France et en Egypte. Il a notamment publié « Le Spiritisme (fakirisme occidental), étude historique, critique et expérimentale » (1887), « Physiologie transcendentale. Analyse des choses. Essai sur la science future, son influence certaine sur les religions, les philosophies, les sciences et les arts » (1889), « La matérialisation des fantômes » (1900 ; publication posthume) qui emploie la radiographie http://rascunhodomarcilio.blogspot.com/2011/03/les-materialisations-de-fantomes.html.

Il mourra dans un accident de cheval dans sa ferme (peut-être causé par un emballement du cheval suite à un coup de feu). La nuit précédente, il rapporta un rêve dans lequel il se promenait tout seul, qu’il était lancé sur son cheval et qu’il mourrait.

 »Sources »

G. Gibier Rambaud, ‘Paul Gibier, A.M., M.D.,’ Bulletin of the Pasteur Institute (Sept. 1900): 12. Cet article comporte un portrait et une bibliographie exhaustive.

AN, LH/1130/28, dossier de Légion d’honneur de Paul Gibier

Voir aussi son dossier de mission aux AN : F/17/2970/1

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