Panneau, la sérothérapie

Boureau

René Boureau et la sérothérapie

Il prend connaissance à la fin de l’année 1893 des succès de la sérothérapie obtenus par l’Institut Pasteur à l’hôpital des Enfants-Malades pour soigner les enfants diphtériques (1), sans doute par les contacts qu’il y avait gardés. La Ville de Tours était justement confrontée à une épidémie de croup ; il se rend donc à Paris et se fait introduire auprès de l’Institut Pasteur. Confié au jeune Auguste Chaillou (1866-1915), il se forme à la pratique de la sérothérapie, tandis qu’il suit les cours de microbie d’Emile Roux (cf. Panneau, la bactériologie XX). Il ramène le sérum anti-diphtérique à Tours en 1894, ce qui permet au Dr. Léon Bézard (1843-1907) de soigner les enfants de son service à Clocheville (2). Pour que les indications de la sérothérapie puissent être bien posées, il installe un laboratoire de bactériologie à Clocheville. C’est là qu’il est le premier à observer que le sérum, malgré ses propriétés curatives, ne fait pas disparaître le bacille de Loeffler de la gorge des enfants, d’où un risque de dissémination à l’entourage à leur sortie de l’hôpital. Il instaure donc la règle de ne laisser repartir les enfants qu’une fois constatée la disparition complète du bacille (3). Son laboratoire est donc en quelque sorte le premier à avoir mis en place le suivi biologique des traitements par anticorps…

C’est alors que sont publiées les premières expériences de Charles Richet (1850-1935) et de Jules Héricourt (1850-1938) sur la sérothérapie anticancéreuse, le 29 avril 1895 à l’Académie des Sciences. Immédiatement, René Boureau entreprend lui aussi de tester ce remède miracle. Ayant produit du sérum d’âne anti-cancéreux, il traite 7 patients (recrutés par lui ou ses collègues) et constate  » »que le sérum (…) produit une amélioration rapide et incontestable (…), mais n’empêche pas l’infection cancéreuse de poursuivre son évolution » ». Les résultats de ce petit essai clinique sont publiés à la Société de Biologie, le 27 juillet 1895 (4), trois mois avant les résultats parisiens qui portaient, eux, sur 50 patients, mais sans plus de succès. Il fallut plus d’un siècle pour qu’on entende reparler à Tours comme ailleurs de traitement du cancer par les anticorps !

(1) Les résultats ne seront communiqués qu’au Congrès International d’Hygiène de Budapest en septembre 1894 par Emile Roux, Louis Martin et Auguste Chaillou (« Trois cents cas de diphtérie traités par le sérum anti-diphtérique »)

(2) Léon Bézard et Grasset. Quelques observations sur le traitement de la diphtérie à l’asile de Clocheville et dans la ville de Tours. Tours, Louis Dubois, 1895 (56pp, In-8°, BIUM 49250)

(3)  »références à vérifier et à compléter pour préciser qui a effectivement l’antériorité ; la parole d’un contemporain reconnaissant cette antériorité est de grande valeur » R. Boureau. Diagnostic bactériologique des angines. Revue générale de clinique et thérapeutique, journal des praticiens Vol.9, 2 février 1895 – Voir aussi commentaire de Huchard (Journal des Praticiens, 9 février 1895) Voir aussi date publication de Sevestre & Méry :  »’Septembre 1895 »’ Sur la persistance du bacille chez les enfants guéris de la diphtérie. Bull. et mém. Soc. méd. d. hôp. de Par. 1895, xii, 101-119. Egalement Rev. mens. d. mal. de l’enf., Par., 1895, xiii, 108-117.  »’Revue d’hygiène et de police sanitaire »’

4) Boureau R. Essai de sérothérapie contre le cancer. C.R. Soc. Biol. 1895

figure 1 : sérothérapie aux enfants-malades ?

figure 2 : portrait Chaillou ? http://www.pasteur.fr/infosci/archives/im/chl.jpg Légende « Il était chargé de notre éducation ; nous faisant visiter les malades de l’hôpital de la rue de Sèvres, prélever des ensemencements, les cultiver, faire les diagnostics bactériologiques et nous initier aux difficultés du tubage. » R. Boureau (et source)

figure 3 : le titre de son article sur la sérothérapie anti-cancéreuse. en légende, les détails de l’opération… Dès le 5 mai, il collecte une tumeur du sein, la broie et l’inocule à des ânes (à compléter)

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