En »’octobre 1904 »’, Boureau se rend à la clinique du Dr Sabouraud à Saint-Louis, qui venait de publier sur le traitement des teignes par la radiothérapie, dans l’idée de créer un service des teignes. Le Dr. Sabouraud lui propose de former des opérateurs, mais les choses traînent à se mettre en place. En 1908, il publie sur la « Situation de la ville de Tours au point de vue des teignes, remèdes qu’elle comporte : Ecole de Teigneux et radiothérapie » dans la Gazette Médicale du Centre.
Il y vante l’intérêt d’une école de type Lailler. C’est finalement en 1909 que le projet est adopté.
Dans cette publication, il note à Tours la prédominance des teignes trichophytiques. Il rappelle la nécessité d’isoler les enfants contaminés pour limiter la contagion. Il a observé dans son service des teignes sur des enfants qui n’étaient cependant pas admis sur ce motif, il répond donc à l’accusation qu’ » à Clocheville, on attrape la teigne ». A chaque admission d’un nouvel enfant à l’Asile, pour quelque motif que ce soit, on rase la tête des petits garçons et on coupe les cheveux des petites filles très courts. Puis, on inspecte scrupuleusement le crane de ces petits malades : on savonne le crane avec du savon noir, puis on applique une solution de teinture de d’iode, qui par contraste de couleurs, met en évidence les zones du cuir chevelu atteintes. Il y vante l’intérêt d’une école de type Lailler,installée dans l’HôpitalÉtablissement public habilité à recevoir les malades, les… More Saint Louis à Paris qu’il a pris comme modèle lors de sa visite en 1904.
Boureau alerte également dans cette publications des risques liés à l’usage des rayons X : ils sont en effet appliqués sur tout le cuir chevelu des enfants, par zone de 9 cm². Si une zone est par mégarde visée deux fois, il appairait des radiodermites, c’est à dire des brulures occasionnées par les rayons X. Celles ci sont très douloureuses, et entrainent l’alopécie définitive de la zone.
Il veut instauré un dépistage systématique dans les écoles, ainsi que la création d’une école spéciale où on pourrait rassembler les petits teigneux; ce qu’il demande au conseil d’Administration de Clocheville. C’est le Dr Héron qui prendra le relais pour porter ce projet devant la Ville de Tours.
C’est finalement en »’1909 »’ que le projet est adopté et mis en place par la Ville de Tours : voir l’article sur l’Ecole de teigneux.
» La ville de Tours nous facilita très rapidement la tâche, fournit un local, un mobilier scolaire, l’inspecteur nomma un instituteur et une institutrice. Pendant ce temps, nous étions partis à Paris. M. Mesureur, directeur de l’Assistance Publique, sur ma demande, nous ouvrit les portes de Saint-Louis, offrant même d’héberger notre personnel ; le Dr. Sabouraud remit entre les mains du Dr Noiré les deux soeurs que j’avais emmenées pour leur apprendre la technique de la radiothérapie et moi-même je me mis à l’ouvrage. «
Registre des délibérations de l’Asile de Clocheville (AD HDEP4/L139) »’31/12/1907 »’ :
« Le traitement de la teigne exige aujourd’hui l’emploi des rayons X. Parmi nos médecins aucun n’accepte la rayonnabilité de ce traitement délicat. Mr le Dr Boureau au dévouement duquel il a été fait appel s’en chargerait. Il a déjà étudié pratiquement à Paris le traitement. Il n’hésiterait pas à y retourner pas à y retourner le temps nécessaire pour se faire complétement la main. Dans ces conditions Mr le président propose de rattacher le service des maladies du cuir chevelu à la chirurgie, adopté à l’unanimité. » « Pour arriver à délivrer la ville de Tours de la teigne Mr le président demande à ses collègues qui font partie du Conseil Municipal de vouloir bien l’appuyer d’une façon toute particulière auprès des pouvoirs publics. La première chose à faire est une visite de toutes les écoles pour découvrir toutes les têtes contaminées. Il fait donc que l’entrée de ces écoles nous soit largement ouverte. Il faudrait de plus que les enfants atteints soient réunis dans une même école, qu’ils soient amenés à l’Asile régulièrement pour suivre le traitement. Les difficultés sont grandes; obtenir les autorisations est aussi vaincre la résistance des parents quand il s’agira de couper ras les cheveux de leur enfants, ce qui est absolument nécessaire; mais quel bienfait si on pouvait délivrer la ville de la teigne ! »
»’3/02/1908 »’: » Pour le traitement de la teigne nous avons à nous préoccuper de l’achat et de l’installation d’appareils pour l’emploi de rayons X. Le Dr Tillaye, par suite d’empêchement du Dr Boureau s’est rendu à Paris auprès du Dr Sabouraud qui l’a mis à même de voir dans tous les détails le fonctionnement de son service avec les derniers perfectionnements. Il a été mis par lui en rapport avec un constructeur spécialiste. Le travail pour arriver à la solution du traitement de la teigne se poursuit. Le Dr Boureau a établi un rapport qui sera bientôt prêt à être soumis aux pouvoirs publics. Le point délicat sera d’obtenir de la Ville l’établissement d’une garderie-école. Il est certain que la contamination ne pourra être arrêtée que si les enfants atteints sont isolés et amenés régulièrement à l’Asile pour y être traités. Les membres du Comité sont d’avis que la surveillance devra s’étendre à l’Ecole de Saint Pierre des Corps et même probablement à Saint Symphorien. «
»’29/03/1909 »’ : » Difficultés sans nombres et déboires éprouvés en mainte circonstance pour l’établissement du Service des teigneux. Aujourd’hui le nouveau service est installé et marche depuis 8 jours. »
« Mr le Dr Tillaye ainsi que nous l’avons constaté dans une précédente séance est allé deux fois à Paris pour se rendre compte des meilleurs appareils et recueillis un grand nombre de renseignements utiles. Puis le Dr Boureau abandonnant sa clientèle est allé passer à Paris dix jours avec deux religieuses dont la Supérieure pour achever leur éducation pratique et scientifique dans le service du Dr Sabouraud de l’hôpitalÉtablissement public habilité à recevoir les malades, les… More Saint Louis. Mr le Dr Sabouraud, le Dr Noiré son bras droit ainsi que le Dr Pignot n’ont cessé pendant une semaine entière de prodiguer leurs explications, leurs conseils et les résultats de leur expérience et tout cela de la façon la plus charmante. »
Registre des délibérations de Clocheville ( AD HDEP4/L140 ) LettreÉcrit adressé à quelqu’un pour lui communiquer quelque ch… More de Mr l’Inspecteur d’Académie ( Mr Bretegnier ) daté du »’27/10/1909 »’ :
» Tous les enfants qui ont fréquenté l’année dernière les deux écoles créées à Tours pour les enfants de la teigne ont subi à l’Asile de Clocheville le traitement spécialement institué en vue de cette affection. Tous sont actuellement guéris ou en voie de guérison. Ceux qui sont guéris et pourvus du certificat attestant cette guérison devront être renvoyés dans les écoles de leurs quartiers respectifs pour faire place à d’autres enfants. Comme d’après mes renseignements il serait impossible de recevoir dans les deux écoles spéciales tous les enfants de la ville atteints de cette affection il est nécessaire de procéder par séries, c’est à dire par quartiers et voici les mesures que j’ai cru devoir prendre à ce sujet d’accord avec l’administration de l’Asile de Clocheville et qui ont déjà été appliquées aux écoles primaires et maternelles publiques et privées du quartier de la Riche. On devra exclure des écoles primaires élémentaires publiques et privées de la ville tous les enfants qui seraient atteints de la teigne. Comme il est difficile de reconnaitre, surtout au début de l’affection, la présence de la teigne, dont le diagnostic ne peut être fait à coup sur que par des spécialistes et grâce à des procédés particuliers, il nous a paru nécessaire que tous les enfants des écoles publiques et privées des différents quartiers fussent conduits par groupes successifs à l’Asile de Clocheville où ils seraient examinés par les médecins spécialement chargés dans cet établissement du service des teigneux. Ceux chez lesquels aucune trace de teigne ne serait relevé recevront un certificat attestant qu’ils ne sont pas atteints de cette affection et devront la présenter aux directeurs et aux directrices. Les autres devront être exclus et se faire inscrire aux écoles de la rue Lavoisier, les seules écoles spéciales aux enfants teigneux, qui existent actuellement à Tours, ou à tout autre établissement analogue qui pourrait s’ouvrir à Tours à moins que les parents ne déclarent vouloir se charger eux mêmes de leur instruction. De l’école de la rue Lavoisier ils seront conduits régulièrement à l’Asile de Clocheville pour suivre le traitement approprié à leur affection. Il y a lieu de prévoir le cas où certains parents se refuseraient à laisser conduire leurs enfants à l’Asile de Clocheville pour l’examen médical, mais il ne faut pas oublier que,en exécution des règlements scolaires applicables à toutes les catégories d’écoles, la teigne nécessite l’isolement de ceux qui en sont atteints. Il est donc indispensable pour pouvoir appliquer ce règlement, que nous sachions quels sont ceux qui sont dans ce cas. Nous aurons donc le droit et le devoir d’exiger que les parents qui se refuseraient à laisser conduire leurs enfants à l’Asile de Clocheville pour y subir la visite destinée à constater chez eux un certificat d’un médecinPersonne habilitée à exercer la médecine après avoir ét… More qualifié attestant que leurs enfants ne sont pas atteints de la teigne. Nous ne pouvons accepter que des certificats délivrés par le Dr Boureau ou son adjoint le Dr Tillaye et ces certificats délivrés en dehors de l’établissement ou ces praticiens sont chargés d’un service régulier ne pourront l’être que suivant un tarif qui a été fixé à dix francs. Vous voudrez bien inviter les directeurs et directrices d’écoles primaires et maternelles publiques et privées à préparer dès maintenant en double exemplaire une liste de leurs élèves par classes disposée de la manière suivante: une large marge, une colonne où figureront les noms et prénoms des enfants, une colonne où figureront les adresses des parents, une colonne pour les observations. Les directeurs et directrices remettront à l’Asile de Clocheville en y conduisant leurs élèves cette double liste. Les enfants seront appelés dans l’ordre où ils figureront. Un exemplaire de cette liste sera conservé à l’Asile, l’autre sera envoyé à l’Inspection Académique. Je suis convaincu que lorsque toutes ces mesures auront été régulièrement appliquées, et je suis persuadé que nous pouvons compter pour leur stricte application sur les directeurs et directrices des écoles tant privées que publiques, également soucieuse de la santé des enfants qui leur sont confiés, la teigne si fâcheusement répandue dans la ville de Tours en aura promptement disparu. »
»’29/11/1909 »’ : » La visite des écoles en vue de découvrir les teignes a commencé. Les écoles du quartier de la Riche tant laïques que libres ont été amenés ici. 1912 enfants ont été examinés. Cette population compte 10 teigneux. Nous avons du marquer un instant le pas pour permettre aux absents le jour de la visite de se présenter. Ils ne peuvent nous échapper, car ils ne seront réadmis à leur école que sur la vue d’un certificat délivré par un de nos chirurgien. Jusqu’ici 55 enfants teigneux ont été traités et tous avec un plein succès grâce au dévouement et au savoir de notre personnel. Le comité adresse au Dr Boureau et à ses collaborateurs ses remerciements et ses félicitations. »
»Sans être très difficile, la radiothérapie des teignes demande beaucoup de soins. Le faisceau de rayons versés sur la tête à l’aide de localisateurs plus ou moins grands doit être très exactement centré. On est obligé d’agir avec une intensité de 4 H. Si sur la surface couverte les rayons ne tombent pas avec ce chiffre exactement au centre, vous aurez des portions qui recevront 5 ou 6 H, d’où alopécie définitive, cicatrice de radio-dermite, alors qu’à l’autre extrémité le cheveux teigneux ne tombera pas. En dehors de cette instruction, je rapportais de Saint-Louis des notions précieuses du point de vue microscopique. Dépister sur une tête une plaque de teigne, trouver entre mille le cheveu teigneux, faire apparaître au microscope la spore révélatrice demandent un apprentissage spécial ».
»Notre éducation, je ne dirais pas terminée, mais suffisamment ébauchée pour nous permettre de commencer, après avoir acheté l’installation radiothérapique nécessaire, nous reprîmes le chemin de Tours et commençâmes notre chasse aux teigneux. Les enfants des écoles nous furent amenés par escouades, les cas suspects examinés, et quand la teigne était constatée défense absolue de retourner à l’école et obligation de venir se faire traiter à Clocheville sous la conduite d’un instituteur chargé, dans l’intervalle, de l’instruction dans une école rue Lavoisier. Le retour à l’école commune ne pouvait se faire sans un certificat de nous autorisant l’instituteur à recevoir à nouveau l’enfant.
Le résultat obtenu fut complet. Au bout de moins de deux ans l’école de teigneux dut être fermée faute d’élèves. On ne trouvait plus à Tours de teigneux dans la ville à part quelques cas isolés, la plupart d’importation récente de départements contaminés. »
Il développa en effet de nombreux appareils, et utilisa l’électrothérapie. A creuser.
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