Lettre de Marie Chaumier du 6 mai 1891

Lettre de Marie Chaumier-Bartoli, épouse d’Edmond Chaumier, à la Supérieure Générale de la congrégation de La Pommeraye, pour confirmer la demande de religieuses pour le Dispensaire.

19 bis rue de Clocheville

MALADIE DES ENFANTS

De 1 à 3 heures

Le Dimanche excepté

Tours, 6 mai 1891

Madame la Supérieure,

Mon mari se proposait de vous écrire aujourd’hui, mais un malade à voir aux environs devant le retenir jusqu’à minuit, je viens à sa place vous exprimer le désir où il serait d’avoir des religieuses de votre ordre pour son dispensaire d’enfants.

Depuis près de 2 ans, M. Chaumier a fondé ce dispensaire où chaque jour, excepté le dimanche et jours de fêtes, il donne de 4 à 6 heures ½ des consultations gratuites aux enfants pauvres. Il y fait les opérations, pansements, etc qui se présentent, administre certains médicaments ; mais on ne donne pas de soupe comme dans certains établissements du même genre.

Jusqu’ici M. Chaumier était aidé par une femme qu’il logeait comme payement ; mais elle quitte Tours le 24 mai ; et comme depuis longtemps mon mari voulait mettre des religieuses à la tête de son dispensaire, il profite de l’occasion.

Je suis allé, mon mari en ayant été empêché, voir les dames religieuses de votre ordre installées à Tours rue Saint-Etienne. La Supérieure m’a dit qu’elle espérait votre venue toute prochaine ; toutefois comme quelque circonstance imprévue pourrait vous la faire retarder, je viens vous demander s’il vous serait possible d’autoriser deux religieuses à venir chaque jour de 3 heures à 6 heures ½ aider le docteur dans sa consultation. Et par là j’entends faire prendre les remèdes aux enfants, appliquer certains pansements ; noter les noms, demeures, âge, maladies antérieures des enfants : ceci afin d’abréger la tâche de mon mari, et de lui fournir toutes les observations nécessaires pour soigner et suivre avec (… ?) la maladie.

Il va de soi que les religieuses entretiendraient la propreté des instruments et celle de la maison, et l’hiver allumeraient les feux.

De plus, elles auraient à aider M. Chaumier dans la préparation du vaccin de génisse, dont la vente forme les ressources du dispensaire. Cette préparation fort simple s’apprend très vite : la personne qu’à M. Chaumier a été de suite au courant. C’est le matin que la vaccination, ou récolte du vaccin se fait ; il faut compter une trentaine de jours par an. Les religieuses se rendraient donc au jour et à l’heure convenues. Jamais on ne le fait le dimanche, et mon mari s’arrangerait toujours de façon à les prévenir à l’avance, de sorte que leurs autres occupations en dehors ne seraient pas entravées.

Voici, Madame la Supérieure, quelles seraient les occupations des religieuses. Pourriez-vous en autoriser deux à les accepter, et quelles seraient les conditions ?

Je dois vous dire aussi que la maison louée par M. Chaumier pour son dispensaire est située dans la paroisse de N.D. la Riche. Il a une maison assez grande pour lui seul, au fond d’un cour-jardin ; de chaque côté habitent la propriétaire âgée de 70 à 72 ans avec sa petite nièce ; de l’autre une demoiselle seule de 50 ans. C’est donc une maison fort tranquille et très convenable comme voisinage.

Je me permets d’ajouter, comme appoint je l’espère en faveur de notre demande, que la famille de mon mari ne vous est pas étrangère. Une de nos cousines, Mlle Lancelot d’Ecueillé nous a engagés à nous recommander d’elle ; car depuis un certain nombre d’années déjà, elle a pu avoir à son hôpital des religieuses de La Pommeraye. De plus, la sœur de mon mari, Mlle Louise Chaumier, est dame-pensionnaire dans votre maison de Saint-Ciran près de Châtillon sur Indre, et Madame la Supérieure de Tours se rappelle fort bien de nos neveux qu’elle a connus au collège St Grégoire, à Tours.

Toutes ces considérations nous font désirer plus encore de voir se réaliser notre projet, et nous osons croire que vous voudrez bien, Madame la Supérieure, y prendre égard.

Mon mari serait fort heureux d’avoir la plus prompte réponse possible ; le délai qui reste à courir jusqu’au 24 mai est bien minime. Et il serait de toute nécessité qu’il n’y ait pas d’interruption dans ses consultations et la préparation du vaccin.

Espérant recevoir une réponse favorable, je vous prie, Madame la Supérieure, de vouloir bien agréer l’assurance de mon profond respect.

Marie Chaumier

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