Maupas

 »’MAUPAS Philippe »’ (Toulon, 30/6/1939 – 8/2/1981). Bio assez complète sur Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Maupas, bien que mettant surtout l’accent sur la vaccination contre l’hépatite B, et pas sur les jeunes années, plus intéressantes pour notre réseau.

Fils de Charles et Geneviève Maupas. Son père était ingénieur en chef du génie civil, prof à Polytechnique. Sa mère était plutôt artiste. Philippe naît en 1939 ; sa soeur Catherine naît 4 ans plus tard, en 1943. Il fait ses études secondaires comme externe au Lycée Louis-le-Grand à Paris (1955-56) puis comme pensionnaire au collège des Jésuites Saint-Charles à Athis-Mons (56-58). Philippe a passé toute sa jeunesse à Paris ; c’était un citadin. Ses parents vivaient séparés. Père plutôt « lugubre » (dixit l’épouse de Pierre Baras) qui vivait sa vie de son côté ; Philippe était sous l’emprise de sa mère. Elle l’aurait bien vu médecin de campagne, son père polytechnicien. Il disait lui-même « J’ai choisi véto après m’être balladé un mois chez un vétérinaire praticien en milieu rural et un mois avec un médecin. Le véto était plus sympathique et m’a fait participer à son activité » (on se doute que c’est plus facile pour un vétérinaire que pour un médecin…) : il décida donc de devenir vétérinaire. Après son bac en 1958, prépa véto au Lycée Marcellin Berthelot.

Etudes à l’Ecole vétérinaire de Toulouse, de 1959 à 1963 (il est toujours classé dans le top 10% ; voir thèse de X. Michaux pour les détails). Il avait pour camarades de promo Pierre Baras (véto à Douai), Jean-Claude Gensel (véto à Saumur), Xavier Colson (véto à Tours), Pierre Chaplot (véto aux Essarts). Manifestement, ils s’amusaient beaucoup, faisaient beaucoup de blagues et de conneries (dans la bande il y avait aussi Guislaine la copine de Pierre Baras, infirmière, devenue son épouse ; et Bernadette, devenue Bernadette Maupas). En fait, ils étaient 6 et habitèrent pendant les 4 années un grand logement rue d’Austerlitz, avec seaux d’eau toujours prêts à l’emploi sur le balcon. La propriétaire aurait bien voulu qu’ils s’en aillent mais avait finalement préféré les garder plutôt que de voir arriver les rapatriés d’Algérie… La police venait régulièrement leur demander de se calmer ; ils connaissaient bien les habituées du secteur, qu’ils s’amusaient à chronométrer, et ils allaient leur dire ensuite qu’elles exagéraient un peu en ayant expédié un peu trop vite leur client (selon Pierre Baras).

Au cours de ses études, Philippe Maupas a été très marqué par Pierre Saurat (cf. infra) mais aussi par Lebars, professeur de Physiologie originaire d’Alfort. Ce dernier était un ardent promoteur de la vaccination. Philippe Maupas et Pierre Baras firent une année de médecine pendant les études véto, mais ne purent passer les examens programmés en même temps que les leurs. Il obtient en 1962 un certificat d’étude microbiologique du sol (diplôme préparé à la Fac de Sciences). D’après Pierre Chaplot, Philippe Maupas aurait bien aimé rester comme assistant à Toulouse. Il était brillant tout en étant boute-en-train (blagues pas tjs bien vues). Il pouvait faire peur par son caractère déjà trempé et il avait eu des différends avec certains de ses enseignants comme Godfrain (dont le fils médecin fait de la politique). Ces mêmes enseignants se seraient même arrangés pour qu’il ne termine pas major, et ils prétextèrent ensuite qu’il les avaient lachés en allant à Pasteur pour ne pas lui proposer de poste d’assistant. A noter aussi que la maman de Philippe a eu un cancer du foie (ou en tous cas une maladie du foie d’après la femme de Pierre Baras) pendant ses études et que ça l’a profondément marqué. Elle survécut et c’est sans doute un peu pour cela que l’intérêt de Philippe se porta plus tard vers les maladies hépatiques et en particulier le cancer primitif du foie, selon Pierre Chaplot.

Le Pr. Pierre Saurat (1918-1988), qui avait fait un grand exposé sur Pasteur, et dans le labo duquel Philippe Maupas travaillait, le convainc d’aller suivre le grand cours de Pasteur. Dans sa thèse sur P. Maupas, Xavier Michaux dit qu’il était « subjugué par la bactériologie enseignée par le Pr. Saurat ». P. Maupas lui-même disait : « J’avais une profonde admiration pour un enseignant, le Professeur Saurat dont le cours était absolument passionnant et débutait par trois heures sur Pasteur ». Il se retrouve suivre le cours de Pasteur en 63-64 le plus jeune (23 ans) et finit major (à vérifier). Pierre Chaplot avait tenté de le suivre mais il abandonna finalement. Il obtient son certificat de microbiologie, et son certificat d’immunologie et de sérologie. Le Pr. J. Tréfouël (alors directeur de l’IPP) le convoque alors pour lui proposer de devenir responsable des TP du Grand Cours, mais il doit partir au service militaire. En 24 heures, par le truchement de Pierre Messmer, alors ministre des Armées de De Gaulle, Tréfouël obtient que P. Maupas soit affecté à l’Institut Pasteur, en tant que civil. Il y devient donc assistant et moniteur diplômé (64-65). Il passa dans le service de la rage et travailla sur les différentes méthodes diagnostiques. Il en fit un film scientifique qui fut présenté au congrès mondial vétérinaire de Paris en 1964. Le travail scientifique qu’il mena à l’Institut Pasteur lui permit de soutenir sa thèse vétérinaire en 1965 (Contribution à l’étude de la flore lactique du tube digestif, action bactéricide du yaourt), inspirée de travaux de Metchnikoff. Il passa les 3 derniers mois de 1965 à l’armée à Compiègne, là où les vétérinaires faisaient leurs classes, en trouvant le moyen de n’y être jamais et de remplacer un véto(il estimait qu’il fallait bien vivre, d’après Bernadette Maupas) après avoir négocié des arrangements avec le colonel, dont les filles étaient par ailleurs en pension chez la mère de Bernadette. Il était alors marié et déjà père d’un enfant, Xavier (d’après Alain Dazelle de l’IBT, il est arrivé avec un très jeune enfant à Tours). Lorsque sa femme et lui faisaient le trajet entre Paris et le Sud-Ouest, il leur arrivait de passer par Tours et de s’y arrêter, y compris en pleine nuit vers les 3h du matin. Ils y trouvaient des cafés ouverts et des étudiants attablés, ce qui plaisait à Philippe. Il aurait dit un jour (dixit Bernadette) que si un jour on lui proposait un poste à Tours, il irait.

De fait, Philippe Maupas cherchait une situation. Il avait aussi sollicité un poste d’assistant dans les 3 écoles vétérinaires et n’en avait trouvé qu’un à Lyon, en anatomie pathologique. Apparemment, il était un peu brûlé dans les Ecoles Véto (d’après Pierre Chaplot). D’après Bernadette, on lui avait proposé des associations (dont une à Maisons-Lafitte avec Amiot), mais ça ennuyait Philippe de ne pas rentabiliser sa formation microbiologique (il n’avait pas fait Pasteur pour revenir en clientèle…). L’offre de Claude Belin est donc arrivée à pic.

Claude Belin cherchait alors un directeur de recherche (pour quoi au juste ?? ; il devait vraiment en avoir besoin pour céder aux exigences de P. Maupas). Il a pu entendre parler de Philippe par au moins deux voies : soit par le directeur de l’Institut Sérothérapique de Toulouse qui était l’ami de Claude Belin, mais il faudrait authentifier un lien entre Philippe Maupas et l’IST, ce qui ne semble pas être du tout le cas d’après Pierre Baras, soit par le Pr. Saurat dont Belin aurait pu faire la connaissance lors de son passage à l’Ecole Véto de Toulouse (Claude Belin et Pierre Saurat avaient 4 ans d’écart). Philippe Maupas, qui ne voulait pas rester à Paris et qui trouvait que Tours était une ville animée comme Toulouse, accepte (d’après Bernadette Maupas). Xavier Michaux dit que le choix de l’IBT fut financier car il était déjà marié (quand ?) et avait déjà un enfant à charge. Bernadette Maupas m’a dit aussi que l’IBT était une petite boîte et que ça plaisait à Philippe de ne pas avoir grand monde au-dessus de lui ; d’autre part, le poste à l’IBT était le seul où Philippe avait réussi à négocier la liberté de faire ce qu’il voulait à côté (ce qui montre aussi la faiblesse de Claude Belin, mais aussi l’importance que Claude Belin attachait au recrutement de Philippe Maupas).

Ils emménagent le 1er janvier 1966, dans un petit appartement dans les locaux mêmes de l’IBT ; Bernadette Maupas se souvient que ça arrangeait bien Claude Belin qu’ils jouent les concierges… Ils habiteront ensuite dans un appartement de fonction de l’IBT à l’extérieur, dès que celui-ci fut prêt. Il prit ses fonctions de directeur de recherche à l’IBT le 2 janvier. Il devait améliorer le vaccin aphteux (diminuer le volume injecté, de 10 à 5 mL d’après Dazelle), et améliorer les titrages de virus sur souriceaux (test de mesure de l’immunité anti-aphteuse par séroneutralisation sur souriceaux). Il était là aussi d’après Xavier Michaux (et surtout ?) pour y mettre au point des spécialités à visée commerciale qui cite Butasyl, IB 201, Ionhydran, Septidispenser, Diargel, laissant penser que Philippe Maupas a jouer un rôle dans leur conception. Les 3 premiers sont encore produits en tous cas distribués par Fort Dodge Santé Animale http://www.pharmaxie.com/Fort,dodge,sante,animale-Laboratoire-num-537.html. Philippe Maupas aurait surtout rencontré des problèmes de pharmacocinétique, ce qui l’aurait amené à se lancer en parallèle dans des études de pharmacie. Il initia les « sachets-repas » pour le veaux diarrhéiques. Il mit aussi au point un vaccin anticolibacillaire (il comparait déjà l’enfant et le veau) à partir d’une souche apathogène.

Philippe Maupas était un non-conformiste, mais il avait sans doute dû se plier au port de la cravate à l’IBT (cf. les photos). Il pouvait être très sérieux mais finissait toujours par des vannes et un grand éclat de rire, ce qui n’était pas nécessairement « correct » dans le milieu fréquenté.

Le travail majeur que Philippe Maupas accomplit à l’IBT – et qu’il mena seul – fut la production de virus aphteux sur cultures cellulaires en suspension. D’après Dazelle, ce n’était pas du tout le projet de Claude Belin ; il y avait des pressions extérieure (Charles Mérieux qui poussait la méthode Frenkel, celle en viguer à IFFA). Il y avait aussi des pétitions contre les nuisances sonores des vaches inoculées. Xavier Michaux dit que la « méthode Belin était arrivée à son terme, pour des raisons économiques, devant l’espoir de culture de virus aphteux ». Philippe commenca par cultiver de l’épithélium lingual (méthode de Frenkel) mais, confronté à l’impureté du virus, il partit faire un stage d’une semaine en 1967 à la station Bayer-Köln en Allemagne (département de recherche et de production du virus aphteux), et y découvrit la culture sur BHK 21 (baby hamster kidney 21 passages). Cela correspond assez bien à la version d’Alain Dazelle qui dit que Claude Belin a d’abord essayé de se rapprocher d’une firme allemande avant de se tourner vers Philips. Après son bref passage à Cologne, il alla également chez Meyer à Münich. L’année suivante, Philippe Maupas partit en stage une semaine chez Philips en 1968 (Département de recherche et de production de produits biologiques d’origine virale Philips Duphar à Weesp, là où se trouvent toujours les installations expérimentales de Fort Dodge Animal Health http://www.fortdodge.eu/contact.asp), a priori juste avant que Philips n’acquière des parts dans l’IBT. Il semblerait que ce soit une technicienne de chez Philips, passée elle aussi chez Bayer, qui aurait vraiment introduit les cultures à l’IBT (revoir ce point avec Dazelle). Il a fait plusieurs déplacements au Pays-Bas ; il s’arrêtait à l’aller comme au retour chez Pierre et Guislaine Baras ; il y a même emmené toute sa famille. Il mena à bien les travaux énoncés, en fit sa thèse de Sciences (soutenue à Poitiers en 1970 : Recherches sur la culture de la lignée cellulaire BHK 21 en suspension. Propriétés biologiques du virus aphteux obtenu sur ce système cellulaire ; il avait alors quitté l’IBT). J.C. Rioux m’avait dit, si ma mémoire est bonne, que Philippe Maupas et Claude Belin avaient été rapidement confrontés à des chocs anaphylactiques chez les bovins qu’on vaccinait. Alain Dazelle me dit que ce problème a été rapidement réglé, par modification des conditions de culture. Toujours est-il que les mises au point de Philippe Maupas n’eurent aucun débouché industriel, « pour des raisons technologiques et économiques » selon Xavier Michaux, « le groupe Philips/Duphar n’ayant pas jugé bon de poursuivre ». Il ajoute que, pourtant, « la production du vaccin aphteux se fait actuellement à partir de virus préparés sur culture cellulaire BHK21 ».

L’IBT était alors effectivement entré dans le giron de Philips (fin 68 ou début 69), par sa branche vétérinaire : Création de DUPHAR, détenu à 50% par l’IBT (IBT-Duphar) (à 45% d’après Dazelle). D’après JC Rioux, Claude Belin comptait aussi sur l’apport d’argent frais de Philips pour lancer une production de vaccin grippal (à usage humain) car Pasteur et Mérieux ne parvenaient pas à satisfaire la demande. Se posait alors le problèmes des installations expérimentales (et de leur agrément) qui doivent être bien distinctes des installations pour la production de vaccin vétérinaire. Il fallait beaucoup d’argent, mais Philips choisit d’investir dans la TV couleur… C’est probablement la version officielle, qui cache une autre réalité. Philippe Maupas était allé faire un stage aux Pays-Bas (1 semaine en fait) et il n’est pas certain que ça se soit bien passé. D’après Mme Rodriguez de l’IBT, les Hollandais le prenaient pour un rigolo, et surtout beaucoup trop jeune. Pierre Chaplot trouve cela très vraisemblable. Pour Dazelle, la vérité est pire. Claude Belin faisait de la résistance (maintien de la méthode Belin de production du vaccin antiaphteux) et n’osait pas se lancer dans des techniques de production modernes. Duphar finit donc par racheter l’intégralité de l’IBT et à délocaliser toute la production de vaccin à Weesp. Depuis un certain temps, la mission de Philippe Maupas à l’IBT était remplie, les perspectives bien sombres et il s’ennuyait.

Il avait accepté son emploi à l’IBT sous réserve de pouvoir faire ce qu’il voulait en parallèle : il avait préparé ses études de pharmacie le soir, après son travail, à partir de la rentrée 1966. D’après Mme Rodriguez, Philippe Maupas travailla à plein temps à l’IBT pendant 1 an et demi. En 67-68, Philippe Maupas était moniteur de microbiologie (chez Vargues) à la Fac de Pharma ; de 68 à 70, il fut chargé de cours (sur la rage, une anthropozoonose, sujet qu’il connaissait). A partir de ce moment-là, il commença à ne passer que rapidement à l’IBT tous les jours, pour régler les problèmes qui lui étaient inscrits sur un papier (d’après Mme Rodriguez). En 1969, il participa à l’enseignement des zoonoses dans le cadre de l’Institut National de Médecine Agricole. Il faisait aussi des stages (remplacements ?) chez JC Perdoux (Pharmacie Tours Nord). Au laboratoire de bactériologie de la Fac, il travaillait avec Vargues sur les problèmes d’automatisation des tests sérologiques, et l’appliqua notamment à l’étude de la sérologie aphteuse chez l’homme, en utilisant de l’antigène qui venait de l’IBT je suppose. D’après ses publications, il semble avoir transposé dès 1969 la culture des BHK21 dans le laboratoire de la Fac. Fin 1969, il quitte donc définitivement l’IBT où il aura passé 4 ans (de 66 à 69).

Il devient alors assistant à la Faculté de Pharmacie et assistant des hôpitaux au laboratoire de microbiologie du CHR (Vargues chef de service ?). Il a profité de l’année sabbatique que Vargues a passé aux US (il ne l’avait plus sur le dos) pour passer sa thèse de sciences et terminer ses études de pharma. Il obtient son diplôme de pharmacien en 1970, devient Maître de conférences délégué à l’UER de Pharma en 1970, et Maître de conférences en 1972. C’est alors qu’il achète le moulin de Touvoie. Hormis l’hépatite B (cf. infra), il continue aussi à s’intéresser aux zoonoses (hépatite canine) et anthropozoonoses (rage, brucellose, listeriose), avec André Audurier notamment. En fait, dès 1970, il repart dans des études de médecine, pour mieux connaître le terrain, et ce qui est spécifique à l’homme (par rapport à l’animal).

Dès son entrée à l’hôpital en 1969, on lui demande de rechercher l’antigène Australia chez les hémodialysés car il y avait alors une vraie psychose dans les services d’hémodialyse (tous les malades atteints et 80 % du personnel). Cette psychose était plus que justifiée, car on peut dire qu’il y avait une véritable épidémie d’hépatite B (Josette Pengloan se souvient que c’est une patiente de Lyon qui a amené le virus dans le service, et celui-ci s’est propagé extrêmement rapidement). Il publie un article de synthèse sur les hépatites virales dès 1970, et un autre sur le dépistage de l’antigène Australia en centre hospitalier la même année. Emile Aron, très intéressé par toute la pathologie hépatique, a sans doute joué un rôle ; Philippe Bagros ?. L’antigène Australia, marqueur de l’hépatite B avait été découvert au cours des années 1960 par Baruch Samuel Blumberg.

Emile Aron finit par faire venir Blumberg à Tours (1972) et lui « confia » son élève Maupas qui partit à Philadelphie en 1974. Entre 1972 et 1976, Philippe Maupas ne publie rien (études de médecine pour la partie 72-73, Etats-Unis pour 74 (et 75?), et recherches secrètes pour 75-76…

Les expériences de purifications de l’antigènes HBs eurent lieu à Tours en 1975 (Goudeau et Maupas) et furent couronnées de succès pendant l’été. Les premières doses de vaccin furent prêtes en octobre, et testées chez 5 chimpanzés. Philippe Maupas s’injecta sa préparation et Mme Rodriguez dit qu’il tomba dans les pommes et qu’il fallut aller le chercher. Philippe Bagros semble dire que Maupas et lui s’injectèrent mutuellement le vaccin. Il était tellement chargé en formol par souci de neutraliser toute particule infectieuse résiduelle qu’il en était extrêmement douloureux. On pourrait dire qu’il vaccinait les humains comme les bêtes car c’était bien une méthode de vétérinaire… Il parvint malgré tout à décider ses collègues du laboratoire de virologie, des étudiants et le personnel du service d’hémodialyse, avec l’accord de P. Bagros (sans aveugle, sans placebo,…). Puis ce fut au tour des patients eux-mêmes dans le service de P. Bagros. Le groupe contrôle (malgré lui) fut constitué des individus qui avaient refusé la vaccination. On compara les infections survenues chez les vaccinés et les non-vaccinés… Fin 1975, 96 personnes avaient été vaccinées, mais les résultats n’étaient disponibles que chez 46 d’entre eux (22 du personnel et 18 hémodialysés ; témoins : 16 du personnel et 23 hémodialysés). Les résultats furent particulièrement probants. Un brevet fut déposé en décembre 1975. La découverte fut publiée en juin 1976 (Maupas P, Goudeau A, Coursaget P, Drucker J, Bagros P. Immunisation against hepatitis B in man. Lancet, 1976, i (7974), 1367-70), l’année où Blumberg reçut le prix Nobel de Médecine. De toute évidence, les Tourangeaux ont pris de court toute la communauté scientifique internationale, en brûlant les étapes et les règles de l’expérimentation clinique. C’était le premier vaccin viral ne comportant qu’une fraction de l’enveloppe virale (un seul Ag protecteur).

P. Maupas voulait que sa découverte soit exploitée par un industriel français. Peut-être se serait-il volontiers tourné vers Mérieux, mais ils avaient alors de gros soucis avec les produits dérivés du sang. Se considérant tout de même pasteurien, il avait rapidement contacté le Pr. Jacques Monod, directeur de l’Institut Pasteur, et l’avait convaincu d’étudier la production industrielle du vaccin. Malheureusement, Monod meurt le 31/5/1976 et des querelles empêchèrent la mise au point de débuter. Ce n’est qu’en 1978, quand Adamovich arrive à l’Institut Pasteur qu’une collaboration efficace se met en place avec Barin et Maupas. La méthode industrielle est au point en 1979. Malgré tout, début 1977, 264 personnes étaient vaccinées ; fin 1977, 353 ; En 1980, 2500 volontaires dans les points chauds (centres de transfusion, services d’hémodialyse) étaient protégés. L’institut Pasteur procéda à un essai en double aveugle contre placebo qui fit taire toutes les critiques, et le vaccin fut mis sur le marché en 1981 sous le nom « Hevac B Pasteur ».

En 1976, la même année de la découverte du vaccin, P. Maupas soutint sa thèse de médecine avec A. Goudeau et J. Drucker, sur le « Virus de l’hépatite B et cancer primitif du foie » (Arguments épidémiologiques et anatomo-cliniques / par Jacques Drucker. Arguments virologiques / par Alain Goudeau. Proposition d’un plan de prévention hépatite-hépatome / par Philippe Maupas). La relation entre hépatite B et cancer avait déjà été suggérée par l’école de Dakar.

Il fut nommé professeur de microbiologie en ? puis doyen de la Faculté de pharmacie de Tours en 1977. Il poursuivit à Tours et au Sénégal avec le doyen L Diop Mar ses travaux sur le vaccin contre l’hépatite B. Sa reconnaissance internationale se confirma lors de la tenue à Paris les 8 et 9 décembre 1980 du Symposium International sur le vaccin contre l’Hépatite B. Les actes du colloque ont été publiés par Pierre Guesry (Institut Pasteur de Paris) et Philippe Maupas (Institut de Virologie de Tours). Il obtint le Prix Galien en 1981 (posthume ?). C’est au retour d’une de ses missions au Sénégal en 1981 qu’il meurt dans un accident de voiture. Le vaccin anti-hépatite B produit par l’Institut Pasteur venait d’obtenir son autorisation de mise sur le marché (mars 1981)…

Dans son action, Philippe Maupas avait le soutien d’Alice Saunier-Seité, qui était alors ministre des universités. Il la connaissait bien d’après Pierre Baras. Voir aussi son rôle dans le lancement de l’IMT (initialement Institut du Médicament de Tours) en 1980, qui ne serait pas ce qu’il aurait voulu qu’il devienne http://www.groupe-imt.com/

Pierre Baras ne peut s’empêcher de penser que son accident est dû à un acte de sabotage car beaucoup de personnes lui en voulaient et il y avait de gros intérêt en jeu. Le fait qu’il n’ait jamais pu retrouver la voiture et que personne n’ait pu lui dire où elle avait été mise ne fait que le conforter dans son idée. Ceci étant, Philippe avait décidé de rentrer en catastrophe du Sénégal pour l’enterrement de sa grand-mère. Il pouvait être malade (dysenterie) et surtout extrêmement fatigué. L’explication officielle selon laquelle il se serait endormi et aurait pris la borne téléphonique de face, en pleine tête, reste tout de même extrêmement vraisemblable. Il ne mourut que secondairement à l’hôpital.

Depuis cette époque, que de polémiques sur le vaccin… Cf. http://cacaou3.blogspot.com/2006/05/h5n1-goudeau-aprs-le-coup-de-lhpatite.html, http://vaccination.academie-medecine.fr/page2001.html, http://lucadeparis.free.fr/infosweb/vaccinhepatiteb.htm

 »Sources »

Philippe Maupas. Sa vie. Son œuvre, Thèse de Doctorat Vétérinaire (Lyon), 1987, 138 p. par Xavier Michaux

Xavier Michaux. Originaire du Loiret, il fit 2 années de prépa véto, puis une année de pharma (80-81), l’année du décès de P. Maupas, alors doyen. Il ne l’avait vu qu’à l’accueil de rentrée et son image lui est toujours restée. Il fit véto à Lyon ensuite, et l’homme Philippe Maupas le préoccupa, surtout lorsqu’il se rendit compte qu’il avait découvert le vaccin contre l’hépatite B, jusqu’à ce qu’il en fasse sa thèse. Il fut confronté à une censure de la famille Maupas (apparemment la soeur de Philippe ; c’était trop frais sans doute), et des difficultés extrêmes dans un climat de conflits entre les « héritiers » de Maupas. Il est installé comme véto dans un cabinet situé 31, chemin du Cabanon – 06740 Châteauneuf Grasse Tel : 04 93 42 45 80 ; Tel. domicile 04 93 777 969 ; E-mail xmichaux@wanadoo.fr).

Bernadette Maupas. Moulin de Touvoie 37210 ROCHECORBON Tel. 02 47 52 53 27

Soeur de Philippe Maupas : Catherine Dessaix (divorcée – remariée). 18 bis rue de Bruxelles 75009 Paris. Tel. 01 42 85 78 33

Chiron J. P. Coursaget P. Yvonnet B., « Philippe Maupas : Inventeur du vaccin contre l’hépatite B », Revue d’histoire de la pharmacie, 1988, 46, 279-292

Emile Aron évoque Philippe Maupas, et Bretonneau dans un article de 2001 défendant le vaccin contre l’hépatite B http://vaccination.academie-medecine.fr/page2001.html

Cliché de Philippe Maupas en tenue lors de ses recherches sur les vaccins en suspension, à l’Institut de Médicament de tours (IMT/ Contact M. Hibon de Frohen)

Chaplot Pierre. Vétérinaire ayant fait ses études à Toulouse avec Philippe Maupas. 1 imp Amandiers 85140 Les Essarts. Tel. 02 51 62 85 46 ; chaplotdegrissac@wanadoo.fr.

Michel Bailly (né en 1928). Ancien associé de Pierre Chaplot aux Essarts, camarade de promo du Pr. Saurat qu’il connaît bien. Tel. 02 51 62 96 37

Baras Pierre. Vétérinaire de Douai qui a fait ses études à Toulouse avec Philippe Maupas. 121 av Roger Salengro 59450 Sin le Noble Tel. 03 27 88 75 75 (ou 03 27 98 88 39); baras.pierre@nordnet.fr

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