René Boureau et son oeuvre à Clocheville

Boureau

Panneau, son oeuvre à Clocheville

Date ? A la demande de la ville de Tours, René Boureau devient le premier chirurgien (-chef) de l’Asile pour enfants Gatien de Clocheville, et administrateur de cet établissement. Apparemment, il oeuvre pour en faire un établissement modèle, imitant les grands services parisiens et les hôpitaux britanniques ( voir son ouvrage sur Clocheville) (cf. discours nécrologique ci-dessous)

Registre de délibérations de l’asile Gatien de Clocheville, (AD 37 HDEP4/L139) :

04/04/1895 : » Mr le président expose qu’en raison de l’importance toujours croissante du service de chirurgie il importe de nommer un suppléant, Mr le docteur Boureau est proposé comme chirurgien adjoint. »  » Mr le docteur Boureau a été nommé, dernièrement, après un brillant concours, chirurgien adjoint de l’Hospice général. C’est grâce à Mr le docteur Boureau et à ses connaissances spéciales en bactériologie, que depuis l’ouverture du service spécial des diphtériques, tous les diagnostics des malades, atteints de la diphtérie, ont été posés d’une façon sure et ont permis de faire suivre aux malades un traitement régulier. »

09/04/1895 : « A 4 voix sur 5, le docteur Boureau est nommé chirurgien adjoint de l’Asile de Clocheville, jusqu’au 01/07/1896 où son mandat devra être renouvellé. »

02/01/1896 : « Mr le président Faucheux est autorisé à s’entendre avec le docteur Boureau qui serait chargé moyennant une somme de trois cents francs par an de tous les examens bactériologiques qui pourraient être nécessaire pendant l’année 1896  »  »Surement à son laboratoire. » On apprend dans son ouvrage sur Clocheville qu’il avait en fait installé dans le service de chirurgie un « laboratoire d’urgence ».

15/12/1898 : « Mr Faucheux est chargé de faire savoir à Mr le docteur Boureau adjoint du service de chirurgie qu’il ait à faire la consultation et les services des salles, les dimanches, mercreids, jeudis et samedis, Mr le docteur Thomas ne pouvant se trouver à l’asile étant à l’Hospice général »

30/12/1898 : « Mr le Docteur Boureau comme chirurgien en chef aux appointements de dix huits cents francs pour l’année 1899, Mr Thomas ayant dépassé la limite d’âge légal de 60 ans pour pratiquer la chirurgie. »

08/01/1900 :  » A l’unanimité Mr le docteur Boureau est nommé chirurgien en chef pour l’exercice 1900 au traitement de dix huit cents francs inscrit dans le budget. De plus, il est chargé du service de bactériologie et à ce sujet, il lui est alloué un traitement de trois cents francs pour l’année 1900, dépense inscrite au budget. Mr le docteur Bailliot est nommé chirurgien adjoint. « 

02/04/1900 :  » Mr le docteur Boureau demande l’achat d’une boite de tubages pour les diphtériques. Ce tubage a pour objet de remplacer dans certains cas la trachéotomie. »

07/05/1900 : Boureau, à ses frais, a fait installé le téléphone à son cabinet en ville, et souhaite que l’asile s’en mutisse également pour faciliter la communication.

03/12/1900: Le président Faucheux expose que depuis 2 ans ( soit, depuis l’arrivé de Boureau ) qu’il existe au sein du service de chirurgie un système de fiches permettant d’établir facilement le dossier de chacun des malades soignés. Le président souhaite que ce système se généralise à tout l’asile pour faciliter le suivi, accéder plus facilement aux antécédents de l’enfant .

06/05/1901 : Par lettre au comité Boureau propose la gratuité de l’éxécution des ordonnaces établies pour les enfants, l’asile payerait directement le pharmacien. Le comité rejette cette proposition, les dépenses seraient considérables.

En 1895, René Boureau devient chirurgien-adjoint de l’asile Gatien de Clocheville. Le chirurgien-chef était alors Hippolyte Thomas, dont le service de chirurgie avait été récemment créé, en 1894. Hippolyte Thomas était malade ( ? juste trop agé … ), et c’est donc René Boureau qui donna de l’élan à ce jeune service de chirurgie (cf. les statistiques publiées dans son ouvrage sur Clocheville).

31/12/1907 : « Le service des diphtériques est rattaché au service de chirurgie du Dr Boureau car celui-ci obtient d’excellents résultats. »
« Le traitement de la teigne exige aujourd’hui l’emploi des rayons X. Parmi nos médecins aucun n’accepte la rayonnabilité de ce traitement délicat. Mr le Dr Boureau au dévouement duquel il a été fait appel s’en chargerait. Il a déjà étudié pratiquement à Paris le traitement. Il n’hésiterait pas à y retourner pas à y retourner le temps nécessaire pour se faire complétement la main. Dans ces conditions Mr le président propose de rattacher le service des maladies du cuir chevelu à la chirurgie, adopté à l’unanimité. »

« Pour arriver à délivrer la ville de Tours de la teigne Mr le président demande à ses collègues qui font partie du Conseil Municipal de vouloir bien l’appuyer d’une façon toute particulière auprès des pouvoirs publics. La première chose à faire est une visite de toutes les écoles pour découvrir toutes les têtes contaminées. Il fait donc que l’entrée de ces écoles nous soit largement ouverte. Il faudrait de plus que les enfants atteints soient réunis dans une même école, qu’ils soient amenés à l’Asile régulièrement pour suivre le traitement. Les difficultés sont grandes; obtenir les autorisations est aussi vaincre la résistance des parents quand il s’agira de couper ras les cheveux de leur enfants, ce qui est absolument nécessaire; mais quel bienfait si on pouvait délivrer la ville de la teigne ! »

3/02/1908:  » Pour le traitement de la teigne nous avons à nous préoccuper de l’achat et de l’installation d’appareils pour l’emploi de rayons X. Le Dr Tillaye, par suite d’empêchement du Dr Boureau s’est rendu à Paris auprès du Dr Sabouraud qui l’a mis à même de voir dans tous les détails le fonctionnement de son service avec les derniers perfectionnements. Il a été mis par lui en rapport avec un constructeur spécialiste. Le travail pour arriver à la solution du traitement de la teigne se poursuit. Le Dr Boureau a établi un rapport qui sera bientôt prêt à être soumis aux pouvoirs publics. Le point délicat sera d’obtenir de la Ville l’établissement d’une garderie-école. Il est certain que la contamination ne pourra être arrêtée que si les enfants atteints sont isolés et amenés régulièrement à l’Asile pour y être traités. Les membres du Comité sont d’avis que la surveillance devra s’étendre à l’Ecole de Saint Pierre des Corps et même probablement à Saint Symphorien.  »

29/03/1909 :  » Difficultés sans nombres et déboires éprouvés en mainte circonstance pour l’établissement du Service des teigneux. Aujourd’hui le nouveau service est installé et marche depuis 8 jours. » »Mr le Dr Tillaye ainsi que nous l’avons constaté dans une précédente séance est allé deux fois à Paris pour se rendre compte des meilleurs appareils et recueillis un grand nombre de renseignements utiles. Puis le Dr Boureau abandonnant sa clientèle est allé passer à Paris dix jours avec deux religieuses dont la Supérieure pour achever leur éducation pratique et scientifique dans le service du Dr Sabouraud de l’hôpital Saint Louis. Mr le Dr Sabouraud, le Dr Noiré son bras droit ainsi que le Dr Pignot n’ont cessé pendant une semaine entière de prodiguer leurs explications, leurs conseils et les résultats de leur expérience et tout cela de la façon la plus charmante. »

29/11/1909 :  » La visite des écoles en vue de découvrir les teignes a commencé. Les écoles du quartier de la Riche tant laïques que libres ont été amenés ici. 1912 enfants ont été examinés. Cette population compte 10 teigneux. Nous avons du marquer un instant le pas pour permettre aux absents le jour de la visite de se présenter. Ils ne peuvent nous échapper, car ils ne seront réadmis à leur école que sur la vue d’un certificat délivré par un de nos chirurgien. Jusqu’ici 55 enfants teigneux ont été traités et tous avec un plein succès grâce au dévouement et au savoir de notre personnel. Le comité adresse au Dr Boureau et à ses collaborateurs ses remerciements et ses félicitations. »

En novembre 1904, il se rend à la clinique du Dr Sabouraud à Saint-Louis, qui venait de publier sur le traitement des teignes par la radiothérapie, dans l’idée de créer un service des teignes. Le Dr. Sabouraud lui propose de former des opérateurs, mais les choses traînent à se mettre en place. En 1908, il publie sur la « Situation de la ville de Tours au point de vue des teignes, remèdes qu’elle comporte : Ecole de Teigneux et radiothérapie » dans la Gazette Médicale du Centre. Il y vante l’intérêt d’une école de type Lailler. C’est finalement en 1909 que le projet est adopté.

 »La ville de Tours nous facilita très rapidement la tâche, fournit un local, un mobilier scolaire, l’inspecteur nomma un instituteur et une institutrice. Pendant ce temps, nous étions partis à Paris. M. Mesureur, directeur de l’Assistance Publique, sur ma demande, nous ouvrit les portes de Saint-Louis, offrant même d’héberger notre personnel ; le Dr. Sabouraud remit entre les mains du Dr Noiré les deux soeurs que j’avais emmenées pour leur apprendre la technique de la radiothérapie et moi-même je me mis à l’ouvrage. »

Registre des délibérations de Clocheville ( AD HDEP4/L140 )
Lettre de Mr l’Inspecteur d’Académie ( Mr Bretegnier ) daté du 27/10/1909 :
 » Tous les enfants qui ont fréquenté l’année dernière les deux écoles créées à Tours pour les enfants de la teigne ont subi à l’Asile de Clocheville le traitement spécialement institué en vue de cette affection. Tous sont actuellement guéris ou en voie de guérison. Ceux qui sont guéris et pourvus du certificat attestant cette guérison devront être renvoyés dans les écoles de leurs quartiers respectifs pour faire place à d’autres enfants. Comme d’après mes renseignements il serait impossible de recevoir dans les deux écoles spéciales tous les enfants de la ville atteints de cette affection il est nécessaire de procéder par séries, c’est à dire par quartiers et voici les mesures que j’ai cru devoir prendre à ce sujet d’accord avec l’administration de l’Asile de Clocheville et qui ont déjà été appliquées aux écoles primaires et maternelles publiques et privées du quartier de la Riche. On devra exclure des écoles primaires élémentaires publiques et privées de la ville tous les enfants qui seraient atteints de la teigne. Comme il est difficile de reconnaitre, surtout au début de l’affection, la présence de la teigne, dont le diagnostic ne peut être fait à coup sur que par des spécialistes et gràce à des procédés particuliers, il nous a paru nécessaire que tous les enfants des écoles publiques et privées des différents quartiers fussent conduits par groupes successifs à l’Asile de Clocheville où ils seraient examinés par les médecins spécialement chargés dans cet établissement du service des teigneux. Ceux chez lesquels aucune trace de teigne ne serait relevé recevront un certificat attestant qu’ils ne sont pas atteints de cette affection et devront la présenter aux directeurs et aux directrices. Les autres devront être exclus et se faire inscrire aux écoles de la rue Lavoisier, les seules écoles spéciales aux enfants teigneux, qui existent actuellement à Tours, ou à tout autre établissement analogue qui pourrait s’ouvrir à Tours à moins que les parents ne déclarent vouloir se charger eux mêmes de leur instruction. De l’école de la rue Lavoisier ils seront conduits régulièrement à l’Asile de Clocheville pour suivre le traitement approprié à leur affection. Il y a lieu de prévoir le cas où certains parents se refuseraient à laisser conduire leurs enfants à l’Asile de Clocheville pour l’examen médical, mais il ne faut pas oublier que,en éxécution des règlements scolaires applicables à toutes les catégories d’écoles, la teigne nécessite l’isolement de ceux qui en sont atteints. Il est donc indispensable pour pouvoir appliquer ce réglement, que nous sachions quels sont ceux qui sont dans ce cas. Nous aurons donc le droit et le devoir d’exiger que les parents qui se refuseraient à laisser conduire leurs enfants à l’Asile de Clocheville pour y subir la visite destinée à constater chez eux un certificat d’un médecin qualifié attestant que leurs enfants ne sont pas atteints de la treigne. Nous ne pouvons accepter que des certificats délivrés par le Dr Boureau ou son adjoint le Dr Tillaye et ces certificats délivrés en dehors de l’établissement ou ces praticiens sont chargés d’un service régulier ne pourront l’être que suivant un tarif qui a été fixé à dix francs. Vous voudrez bien inviter les directeurs et directrices d’écoles primaires et maternelles publiques et privées à préparer dès maintenant en double exemplaire une liste de leurs élèves par classes disposée de la manière suivante: une large marge, une colonne où figureront les noms et prénoms des enfants, une colonne où figureront les adresses des parents, une colonne pour les observations. Les directeurs et directrices remettront à l’Asile de Clocheville en y conduisant leurs élèves cette double liste. Les enfants seront appelés dans l’ordre où ils figureront. Un exemplaire de cette liste sera conservé à l’Asile, l’autre sera envoyé à l’Inspection Académique. Je suis convaincu que lorsque toutes ces mesures auront été régulièrement appliquées, et je suis persuadé que nous pouvons compter pour leur stricte application sur les directeurs et directrices des écoles tant privées que publiques, également soucieuse de la santé des enfants qui leur sont confiés, la teigne si facheusement répandue dans la ville de Tours en aura promptement disparu. « 

 »Sans être très difficile, la radiothérapie des teignes demande beaucoup de soins. Le faisceau de rayons versés sur la tête à l’aide de localisateurs plus ou moins grands doit être très exactement centré. On est obligé d’agir avec une intensité de 4 H. Si sur la surface couverte les rayons ne tombent pas avec ce chiffre exactement au centre, vous aurez des portions qui recevront 5 ou 6 H, d’où alopécie définitive, cicatrice de radio-dermite, alors qu’à l’autre extrémité le cheveux teigneux ne tombera pas. En dehors de cette instruction, je rapportais de Saint-Louis des notions précieuses du point de vue microscopique. Dépister sur une tête une plaque de teigne, trouver entre mille le cheveu teigneux, faire apparaître au microscope la spore révélatrice demandent un apprentissage spécial. »

« Notre éducation, je ne dirais pas terminée, mais suffisamment ébauchée pour nous permettre de commencer, après avoir acheté l’installation radiothérapique nécessaire, nous reprîmes le chemin de Tours et commençames notre chasse aux teigneux. Les enfants des écoles nous furent amenés par escouades, les cas suspects examinés, et quand la teigne était constatée défense absolue de retourner à l’école et obligation de venir se faire traiter à Clocheville sous la conduite d’un instituteur chargé, dans l’intervalle, de l’instruction dans une école rue Lavoisier. Le retour à l’école commune ne pouvait se faire sans un certificat de nous autorisant l’instituteur à recevoir à nouveau l’enfant. »
Le résultat obtenu fut complet. Au bout de moins de deux ans l’école de teigneux dut être fermée faute d’élèves. On ne trouvait plus à Tours de teigneux dans la ville à part quelques cas isolés, la plupart d’importation récente de départements contaminés.

Le 12 décembre 1910 un incident survient: la soeur Supérieure (Soeur Delphine) se plaint au président du comité de Clocheville (Mr Faucheux) que le docteur Boureau l’a traité de ficelle, femme de mauvaise foi, traitresse, fourbe, menteuse. Le président envoie une lettre à Boureau pour le prier de s’excuser . Celui ci répond, par lettre à Mr Faucheux de la façon suivante : « losqu’après avoir fait pendant 10 ans l’éducation médicale de madame la Supérieure, l’avoir défendue et mise en valeur on la voit employer contre soi des procédés aussi blessants et aussi déloyaux il est impossible de contenir son indignation. Je n’ai fait que dire tout haut ce que beaucoup pensant tout bas. Elle avait moyen d’éviter les vérités que je lui ai dites, c’était de ne pas les justifier. » Boureau est alors convoqué par le comité le mercredi 14 décembre 1910 pour lui permettre de s’expliquer. Boureau retire alors le 14 les expressions injurieuses employées mais adresse un factum au président formulant des plaintes contre la Supérieure Delphine. Lecture faite le 14 déc. Lettre de 9 pages ( la 7 manque ) , annexé au procés verbal, adressé à Mr Faucheux.
Les plaintes de Boureau sont les suivantes :La Supérieure épie ses moindres faits et gestes et les transmets plus ou moins fidèlement dans un sens défavorable; Elle intervient plus qu’il ne faudrait dans les affaires médicales, porte des plaintes d’une façon virulente contre les fournisseurs; Elle se permet d’admettre irrégulièrement des enfants que nous avons refusés; Il est vexé car certains ( »on sait pas qui ») désigne son service « service de chirurgie de soeur Delphine »; Elle interpose ses ordres entre Boureau et son personnel; Elle refuse que les soeurs aident Boureau pendant les opérations; Sur ordre de la Supérieure une soeur n’a pas voulu administrer de chloroforme avant une intervention. Il se plaint également que l’absence d’internes dans son service l’oblige à utiliser une aide « incapable d’interventions médicales . En effet dans une séance du comité de l’année précédente, l’interdiction de recevoir des internes à Clocheville avait été voté. « Pourquoi en suis je réduit après ce labeur à voir discuter les parcelles de l’autorité qui sont nécessaires à un chef de service? » Après lecture de cette lettre au comité, le 2 janvier 1911 Faucheux donne  » les résultats de son enquête sur les plaintes formulées par Boureau » : Aucuns collègues de Boureau n’a eu a formulé de plaintes concernant la Supérieure,le comité prend la défense de la Soeur Supérieure qui est selon eux victime des mauvais traitements de Boureau. Selon le comité, la cause de toutes les plaintes réside dans le fait de l’interdiction d’entrée à Clocheville à tous les médecins sans autorisations, ainsi que l’interdiction de prendre dans les services de l’Asile des internes. Il semble en effet que Boureau ait, malgré cette interdiction, fait entrer dans son service des collègues médecins ( Mr Ruthon est cité, ainsi qu’un  » médecin militaire » ) pour se faire la main ( mots de Mr Faucheux)et que la soeur Supérieure aurait signalé ces abus. Ainsi, le comité ne retient rien des plaintes de Boureau.

6/01/1911 : Le président du comité Faucheux explique qu’il fut  » l’artisan de sa vie heureuse, de ses succès, je dirai de sa fortune médicale ». On apprend que c’est lui qui l’a fait entrer à Clocheville, alors qu’ils étaient très proches amis. Les crises deviennent aujourd’hui entre eux fréquentes  » sa mauvaise humeur s’accentua, et n’eut plus de bornes quand il appris que j’avais moi-même dirigés des opérations directement vers le Dr Tillaye pour que celui-ci fasse ses preuves (avec succès) ». » Le Dr Boureau a toujours besoin d’avoir des victimes pantelantes sous ses griffes et c’est notre Supérieure et moi-même contre lesquels il semble s’acharner aujourd’hui. Faucheux se rend au domicile de Boureau pour essayer d’apaiser les choses, le priant de revenir à l’Asile, de s’excuser auprès de la Supérieure mais celui-ci le renvoit chez lui après « 2h supportant tous les écarts de langage ». Selon Faucheux, Boureau souffrirait d’une obsession maladive de persécution. Le comité donne à Faucheux l’autorisation de prendre toute décision qu’il considèrerait nécessaire à l’Asile concernant Boureau.

6/02/1911 : La soeur Supérieure refuse dorénavant de se charger du service des teigneux avec Boureau. Elle ne veut plus travailler avec lui, ce qui cause de nombreux problèmes dans le planning des opérations.

6/03/1911 :  » Tout est rentré dans l’ordre « . Boureau est allé présenter ses excuses à la Supérieure. Il adresse une lettre au comité ce jour-ci pour faire une demande d’expérimentation de la cure solaire : l’héliothérapie. En sont tributaires les adénites tuberculeuses, les arthrites, les coxalgies, les maux de Pott.  » Il serait nécessaire de pouvoir disposer de fenêtres exposées au soleil de 11h à 15h. L’enfant resterait exposé au soleil les premiers temps pendant 20 minutes; puis progressivement pendant 1h et demie. 18 malades sont actuellement tributaires de ce mode de traitement. » Le comité est sceptique sur cette demande, la question reste à l’étude.

4/12/1911 : Boureau sera mis à la retraire dans deux ans, arrivant à la limite d’âge. Il est donc urgent de former un nouvel adjoint: Mr Guillaume est nommé comme deuxième adjoint. Vialle passe au service de médecine.

7/07/1913 : Boureau sera remplacé au service de bactériologie par Mr Michelon, pharmacien, à partir du 1er janvier 1914. Tillaye serait nommé le 22 juillet, date des 60 ans de Boureau, chirurgien en chef et Guillaume sera nommé adjoint. Mr le Dr Faix est sera nommé suppléant. Boureau fait demander d’acquisition d’un chassis d’Abott, appareil destiné a redresser les bossus.
Il est mis à la retraite de Clocheville le 22 juillet 1914, le jour de ses 60 ans comme prévu.

Fin 1915, il devient administrateur de l’Asile Gatien de Clocheville (nomination à vie). C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il publiera en 1918, au sortir de la guerre, une sorte d’oeuvre testamentaire « L’Asile Gatien de Clocheville ; ce qu’il est, ce qu’il peut-être ». Il vivra encore 18 ans…
Dans cet ouvrage sur l’Asile de Clocheville, il reprend indirectement les plaintes qu’il avait formulé à Faucheux début 1911, il souhaiterait en effet des hôpitaux laïques, sinon  » ce sera la conséquence fatale de l’extension illégitime de ses pouvoirs (l’Eglise) » ;  » De subordonnées au personnel médical et aux administrations elles étaient devenues leurs chefs » (les bonnes soeurs),  » l’envahissement est complet ». Il prend modèle sur les hôpitaux anglais où les religieuses sont remplacées par des « nurses », jeune femmes pas encore mariée et  »chez qui l’instinct maternel est très développé ».

Dans cet ouvrage il exprime également son souhait d’améliorer la structure de l’Asile de Clocheville et les conditions de séjour des petits malades. Il attache de l’importance au  » volume d’air » disponible dans la salle par malade, et aux mesures d’hygiène pour éviter la contagion. Il prend également exemple sur des hôpitaux anglais : Victoria Hospital, Ormond Hospital, Cheyne Hospital.

Il se plaint à nouveau de l’interdiction de prendre des internes à Clocheville, qui est le seul lieu où les futurs médecins peuvent observer les maladies infantiles.  » Que de jeunes étudiants travailleurs seraient heureux de venir à Clocheville treminer leur éducation médicale ! »

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