René Boureau et les mutilés de la guerre 14-18

Boureau

Panneau, les mutilés de guerre

Soldat de la classe 1874, il est nommé médecin aide-major de 2éme classe le 16 mai 1880, puis médecin aide-major de 1ére classe le 9 juin 1888. Il est rayé des cadres le 22 novembre 1900 et est alors libre de s’engager au sein des sociétés d’assistance de Croix-Rouge pour servir en cas de conflit. Il semble s’être engagé à la Société de secours aux blessés militaires (S.S.B.M.) et lors de la mobilisation il est chirurgien à l’Hôpital auxiliaire de Marmoutier (HA 1). Le 3 janvier 1916, il est réintégré dans l’Armée avec le grade de médecin aide-major de 1ére classe puis quelques jours plus tard est affecté comme chirurgien de Place à Marmoutier,où il opère depuis le début de la guerre. En juin 1916, Boureau est affecté à l’Hôpital Gamma à Toul en Meurthe-et-Moselle, puis à Gondrecourt (Meuse) en juillet où il est chef de l’équipe chirurgicale. En 1917, il est promu médecin major de 2éme classe et est affecté à l’HC 5( Hôpital complémentaire) où il dirige le centre de rééducation des mutilés. Il est démobilisé en mars 1919. Durant le conflit, il est noté comme un chirurgien de très grande valeur, apte à diriger un service de grande chirurgie. Il est fait Chevalier de Légion d’Honneur le 29 décembre 1917.

René Boureau a réalisé de nombreux travaux dans le domaine de l’orthopédie, dans un premier temps en tant que chirurgien de Clocheville, et ensuite dans le cadre de l’aide aux mutilés de guerre.

Il a en effet publié plusieurs articles sur des techniques orthopédiques ( voir ses publications ). Il commente ses opérations de luxation congénitale et de pied bot paralytique en 1903 dans les Annales médico-chirurgicales du Centre. Ses travaux sont dignes d’intérêt étant donné qu’ils sont repris dans la Gazette des Hopitaux de Toulouse en 1904.

Dans  » Valeur du Lorenz et des autres procédés dans le traitement des luxations congénitales » il compare au point de vue de la mortalité, l’opération sanglante et le Lorenz. Il donne les statistiques des deux interventions. Il étudie ensuite le traitement orthopédique, le Lorenz et l’opération de Hoffa, au point de vue des résultats fonctionnels obtenus. Il prouve que les bons résultats du Lorenz non seulement se maintiennent, mais s’améliorent avec le temps.

Il est mis à la retraite de Clocheville le 22 juillet 1914, le jour de ses 60 ans comme prévu. Mais il reprend du service à la faveur de la guerre. Il est en effet chargé par la Croix-Rouge de l’hôpital de Marmoutier, dont il est le chirurgien-chef. L’ouvrage « Les Veillées de Marmoutier » publié chez Mame (Moline p96) décrit la souffrance et la mort des blessés dans les hôpitaux militaires. René Boureau préfère finalement partir au front pour être au plus près des blessés. Il finit médecin-major de 2ème classe et sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire. (cote 19800035/242/32228 base Leonore, site de Fontainebleau).

Dès le début de la guerre, un grand nombre de soldats se retrouvent amputés d’un membre. Le manque de main d’œuvre est important et devient un problème social. Boureau s’intéresse alors aux prothèses de bras. En 1916, il publie « Bras de travail et Mains de travail pour amputés ». A cette époque Boureau constate que les prothèses de bras ne peuvent acquérir qu’aux dépens de leur solidité les mouvements multiples et délicats qui en font tout le prix. Ils ne peuvent déployer qu’une force de préhension médiocre, tout à fait insuffisante pour le travail de manœuvriers. Le bras artificiel ne peut alors pas donner d’aide au bras valide. Pour faire face à ce problème, Boureau propose d’étudier les besoins inhérents à chaque profession. Il va observer des ouvriers, des agriculteurs au travail et noter avec précisions les geste s qu’il accomplissent au quotidien. Disséquant ainsi soigneusement les différentes phases du travail, vous obtenez en série toute les exigences imposées à la main. Il étudie par exemple les mouvements du mécanicien au travail. Pour Boureau, un « bras de travail » doit être simple, présentant le moins de pièces et de ressorts possibles.

Il propose comme bras de travail: le type 1 : le  » bras de labeur », pour les professions nécessitant des efforts musculaires importants, et le type 2 : le « bras de petit travail » pour les employés de commerce.
A chaque bras, on pourra joindre une main, répondant plus précisément aux besoins de la profession « l’outil professionnel »,ou une main un bois pour les jours de repos.

Il prévoit aussi une prothèse sommaire pour les amputés à qui il ne reste qu’un moignon très court, trop court pour pouvoir prétendre aux prothèses de type 1 ou 2.
La difficulté de la réalisation des « mains de travail » résidait dans le fait de rendre le poignet artificiel souple.

Comme mains de travail, il propose dans cet ouvrage: la main de terrasier (pour soulever les instruments) qui consiste en un anneau relié à un crochet; la main de vigneron (pour ramasser les rameaux)qui se présente sous la forme d’un ressort courbé; la main de facteur (un petit plateau pour porter les lettres); la main de canneur de chaises ( une petite pince); la main de coupeur de cuir (un petit plateau pour maintenir le cuir); la main d’ouvrier d’usine (un crochet pour saisir les leviers); la main de plombier (une pince qu’on peut serrer avec un écrou); la main de mécanicien (sorte de clé à molette); la main d’emballeur (pince avec crochet).
Puis il propose, suivant les professions, les différentes associations bras/mains que l’on peut réaliser pour répondre aux mieux aux attentes du mutilé.

Voir lien (ou pas ?) avec Amar http://www.histrecmed.fr/publications-electroniques/19161027prothese/prothese.html

Dans la Gazette Médicale du Centre en 1919 (tome 24, n°3, p87), figure une annonce publicitaire d’un fabricant parisien (Bouisseren) pour l’auto-électriseur du Dr. Boureau, modèle et marque déposés, avec une photo

D’après le Journal d’Indre-et-Loire du 10 janvier 1916, il a été réintégré dans l’armée suite au décret du 3 janvier 1916 et ce pour la durée de la guerre. Il fut alors nommé médecin aide-major de 1ère classe.Il est aussi à cette date chirurgien chef de l’hôpital auxiliaire n°1 de Tours, et chirurgien de la Place à Tours.

Pendant ou à la fin de la guerre, il fonde le Centre de Rééducation de Joué-les-Tours pour prendre en charge les mutilés. D’après les cartes postales anciennes, ce centre était une caserne militaire. Il se pourrait que ce soit maintenant la grosse caserne de gendarmerie. A voir

Il s’est également occupés des Pupilles (de la Nation ?), et d’organiser l’Inspection médicale des Ecoles de la Ville de Tours ( Voir mise en place de l’Ecole de Teigneux)

Dans un domaine plus corporatiste (il était déjà fondateur du Syndicat des Médecins d’Indre-et-Loire en 1881), il a développé la Société de Secours Mutuels des Médecins d’Indre-et-Loire dont il fut sans doute le Président.

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