Se rapporte à l’Oeuvre des enfants tuberculeux de Touraine, billet adressé à la Supérieure générale des Religieuses de la Providence, de la Pommeraye.
Ste Radegonde 5 Août 1893
J.M.J.
Ma Révérende Mère,
Je vous remercie beaucoup du petit mot que vous m’avez fait faire par ma Sr Pauline. Il m’a fait du bien ; ce n’est pas que ma croix soit moins lourde, au contraire, Ma Révérende Mère, vous savez bien que nous avons dans notre maison une jeune fille d’Angers qui est chez nous pour sa santé sans être malade pour l’empêcher de travailler. Cette pauvre fille n’a pas le don de plaire à ma chère Sœur et elle la mène très durement de sorte que cette pauvre enfant la craint au point de ne pas lui demander son nécessaire ; l’autre jour je la voyais pleurer à s’en rendre malade. Alors elle m’a dit tout ce que ma chère Sœur lui faisait souffrir. J’ai dit tout ce que j’ai pu pour lui faire voir que ma chère Sœur n’avait point l’intention de la faire souffrir, qu’elle avait bon cœur et qu’elle n’agissait qu’avec de bonnes intentions ; enfin je suis parvenue à la raisonner, non sans peines.
Je vous assure, Ma Révérende Mère, que c’est bien difficile de vivre avec ma chère Sœur, surtout depuis quelque temps, elle est inabordable aussi je profite de ce qu’elle est à Tours pour vous écrire à la hâte.
Ma Révérende Mère, je sais pas ce que je deviendrai sans vous. Je remercie bien le bon Dieu de m’avoir donné une si bonne Mère, et je lui demande de la conserver toujours, c’est ce que j’ai demandé en particulier au grand St Alphonse. Je vous aime beaucoup et rien ne me coûte de tout ce qui peut vous être agréable. Je n’ai point de plus grand désir que de faire votre volonté qui est celle de Dieu.
Il m’est pourtant bien dûre de me soumettre à ma chère Sœur Candide, depuis quelques temps elle me commande toujours avec feu, « ma sœur, je veux que vous fassiez ainsi » ou bien « je l’exsige » : tout cela me fait souffrir beaucoup. Maintenant elle dit qu’elle ne sait pas comment elle va faire pour se rendre à la retraite, comme il doit nous venir une dame pensionnaire le 15 ou le 16 Août, elle n’a point envie de s’en aller avant, pourtant toutes les choses sont arrangées, elle prendra un peu de chocolat le matin, ce qui ne donne pas d’entrain puisqu’on peut le faire la veille, pour le reste elle prendra comme Mr Maurice des bifftec saingnants. Nous navons point à nous occuper de Me Maurice le matin il se lève à 9 heures, et comme il mange froid on lui porte le soir ce dont il a besoin pour son 1er déjeuner.
Ma Révérende Mère, vous voyez que notre monde n’est pas encombrant et nous pourrons nous tirer d’affaire.
Pardonnez-moi s’il vous plait, Ma Révérende Mère, je me recommande de nouveau à vos prières, pour moi je n’oublie point toutes vos intentions.
Je suis toujours avec le plus profond respect votre enfant soumise et reconnaissante.
Sr M St Adrien.
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