Lettre de Sr St Anicet du 7 décembre 1895

Se rapporte à l’Oeuvre des enfants tuberculeux de Touraine, billet adressé à la Supérieure générale des Religieuses de la Providence, de la Pommeraye.

Ste Radegonde, 7 Xbre 1895

Ma Révérende Mère,

Je trouve qu’il y a longtemps que je vous ai donné des nouvelles de Ste Radegonde.

Ces messieurs ne disent pas ce qu’ils ont l’intention de faire au mois de Mars, ils font semblant de s’occuper de quelque chose et je crois qu’au fond, ils ne s’occupent de rien.

Il y a quelques temps, j’ai eu une forte discussion avec Mr le docteur Chaumier au sujet de Mr le Curé. Mr le Docteur Chaumier m’a dit qu’on lui avait rapporté que Mr le Curé venait au Sanatorium. Je lui ai répondu : oui, il y est avec un autre prêtre, une fois, puis il est venu confesser une malade et lui apporter la Sainte Communion.

Monsieur Chaumier ne veut pas que Mr le Curé mette les pieds chez nous, il m’a dit de lui dire que le Comité lui défendait l’entrée de la maison.

Vous voyez, Ma Révérende Mère, que la position est un peu difficile.

Pour vous montrer la dureté du Docteur Chaumier, je vais vous raconter un fait qui vient d’arriver. Une de nos jeunes filles âgée de 16 ans a été prise d’un vomissement de sang, immédiatement j’envoie chercher le Docteur, il vient et ne lui ordonne rien, il me dit tout simplement qu’il fallait la traiter comme les autres, la faire manger la nourriture ordinaire, je puis vous dire que j’avais les larmes aux yeux. Les vomissements ont recommencé, je l’ai fait appeler de nouveau ; lorsqu’il est arrivé, la pauvre enfant avait reçu les derniers Sacrements, car elle était très mal. Figurez-vous qu’il a eu le courage de la faire lever, de la mettre dans une voiture et de m’envoyer la conduire à l’Hospice général de Tours, en me disant de pas m’occuper de payer son enterrement lorsqu’elle serait morte, qu’il fallait l’abandonner à l’amphithéâtre.
En voyant cette pauvre mourante arriver à l’Hospice, les employés et les médecins ont été indignés [… ?]
somme de vingt francs, j’ai pris cet argent sur ce que me donnent les fournisseurs quand je vais payer les notes. J’ai dit, j’ai pris, c’est-à-dire je prends, car je n’ai pas encore réuni la somme.

Nous avons 6 photographie, une pour la Ste Face, une pour le 46 et une pour le dispensaire.

Si vous voulez bien me le permettre, je vais en envoyer une aux Sœurs de St Denis. L’encadrement pour Monseigneur a coûté 3 frs, puis-je en faire autant pour mon Révérend Père.

Daignez agréer, Ma Révérende Mère, l’assurance de mon profond respect et de ma sincère affection.

Votre fille

Sr Anicet

2 P.S. en marge

– Que je serais contente si vous vouliez m’envoyer votre photographie. J’aime à avoir mes Supérieurs

– S’il vous plait nous donner des nouvelles de votre santé et de celle de mon Révérend Père.

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